Dans un livre très documenté(1) deux historiens, Jock McCulloch et Geoffrey Tweedale relatent l’histoire de l’industrie de l’amiante et de ses manœuvres pour masquer les dégâts sanitaires au Royaume Uni, en Afrique du Sud, au Canada et aux Etats Unis.

L’Institut du Chrysotile est l’héritier d’une lignée d’organismes créés par l’industrie de l’amiante pour contrer l’information sur les dangers et… continuer à vendre. Avant lui, il y eut l’Association des Producteurs des Mines d’Amiante du Québec (QAPA, puis QAMA) ; en France : l’Association Française de l’Amiante (AFA), le Comité Permanent Amiante (CPA)...

Le lobby de l’amiante a combattu pied à pied toutes les découvertes médicales sur la nocivité de l’amiante.

Dès 1930, Merewether en Angleterre, Dhers en France, montraient une hécatombe par asbestose chez les ouvriers de l’amiante. La même année, le journal de l’association médicale canadienne affirmait qu’il n’y avait aucun cas d’asbestose au Canada...

Dans les années 40, les études du docteur Gardner sur des souris confirmaient la cancérogénicité de l’amiante. QAPA trafiqua son rapport. Les mots « cancer pulmonaire » furent notamment remplacés par « adénome », plus anodin.

McCulloch et Tweedale montrent comment l’industrie de l’amiante « apprit à contrôler l’information et à supprimer les preuves de maladies. Elle apprit aussi à transformer un problème de conditions de travail en un défi scientifique à régler par des experts. L’industrie apprit à transformer le doute systématique caractéristique de la bonne science en arme politique. Elle apprit comment corrompre les médecins des sociétés et comment utiliser les associations professionnelles pour apaiser les craintes du public ».

Dans la dernière période « L’industrie canadienne, fortement appuyée par son gouvernement national, a joué un rôle clé pour promouvoir la fiction que l’amiante blanc [chrysotile] est inoffensif. Dans ce but, elle a manipulé les données médicales et corrompu le débat public. ».

L’Institut du Chrysotile est au centre de ce dispositif.

(1) Defending the indefensible. The global Asbestos Industry and its fight for Survival » ( « Défendre l’indéfendable. L’industrie globale de l’amiante et sa lutte pour la survie. »)


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°29 (avril 2009)