Derrière des arguments techniques inconsistants se cache un chantage permanent à la délocalisation.

Le 19 février, à l’occasion de l’action de l’Abeva devant l’immeuble où se réunissait la commission, l’Abeva et l’Andeva ont été reçues pendant deux heures par quatre membres de la commission.

Eric Jonckheere, le président de l’Abeva, expliqua qu’en prolongeant et élargissant les dérogations existantes, la commission prenait le risque d’allonger la liste des victimes, avec de nouveaux cas dans 30 ans. Dans sa famille, son père et ses deux frères sont décédés de l’amiante.

Les membres de la commission justifièrent la dérogation pour les diaphragmes d’électrolyse, en expliquant qu’il n’y avait pas aujourd’hui de produits ou de procédés de substitution pour la fabrication du chlore ou de l’épichlorhydrine. En fait, cette dérogation ne résulte pas d’une impossibilité technique (on sait fabriquer du chlore sans amiante) mais d’un chantage à la délocalisation (« si vous voulez nous contraindre à faire des investissements, on ferme et on s’en va »).

Les membres de la commission ont dit qu’ils étaient obligés de « tenir compte des réalités économiques ».

Alain Bobbio souligna que dans un contexte de crise économique, ce chantage pouvait s’appliquer à d’autres produits à très haut risque et bloquer toute avancée de la réglementation REACH.

Eric Jonckheere ajouta qu’Eternit avait fait le même chantage en Belgique , sans qu’il soit suivi d’effet.

Concernant la revente d’articles « déjà installés ou en service avant le premier janvier 2005 », l’Abeva et l’Andeva soulignèrent que les belles déclarations la main sur le cœur sur l’utilisation « dans des conditions assurant un niveau élevé de protection de la santé humaine » ne coûtaient pas cher aux industriels, mais qu’elles n’étaient pas toujours suivies d’effet...

Avec un texte aussi flou, en l’absence de tout dispositif de contrôle, les mailles du filet sont si larges, qu’elles rendent possibles toutes les fraudes et toutes les dérives, y compris l’importation d’articles d’occasion contenant de l’amiante en provenance de pays extérieurs à l’Union européenne, où l’amiante n’est pas interdit.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°29 (avril 2009)