« Chez Eternit, il existait bien un comité de groupe européen qui se réunissait une fois par an, mais c’est avec l’affaire de l’amiante que des contacts plus étroits ont vraiment commencé à se nouer entre les salariés des différents sites Eternit en Europe, avec les Suisses de Payerne et le Caova (1), avec les Italiens de Casale Monferrato, avec les Belges de l’Abeva (2)...

Si ces liens ont pu se renforcer, c’est aussi grâce aux actions en justice et aux contacts entre les cabinets d’avocats qui les ont engagées.

Nous avons fait plusieurs réunions internationales de victimes d’Eternit. La première a eu lieu à Paray-le-Monial, avec les avocats italiens et le Caova suisse.

Ces réunions ont permis de voir les points communs et les différences entre pays.

Les points communs, ce sont d’abord les conditions de travail. Elles étaient identiques. Henri Degrange, du Caper Bourgogne, est allé à Casale Monferrato. Il a retrouvé les mêmes techniques de production, les mêmes machines, les mêmes gestes professionnels…

Il y a des différences en matière de législation et d’actions judiciaires.
Nous sommes en avance sur les Italiens pour le système d’indemnisation et les actions en faute inexcusable de l’employeur. Mais en matière de pénal, ils sont en avance sur nous car ils ont obtenu la tenue de ce grand procès à Turin avec une plainte de plusieurs milliers de victimes.

Ils ont aussi un énorme problème de pollution environnementale, sur lequel les institutions locales ont beaucoup travaillé. En Italie, Eternit distribuait de l’amiante au personnel pour des utilisations domestiques, telles que des dalles de jardin. La dépollution et la réhabilitation des habitations sont une nécessité. Cela coûte du temps et de l’argent.

Le procès qui commence à Turin est très important. Ce sont les grands dirigeants de cette multinationale qui sont cités. C’est la première fois qu’ils ont des comptes à rendre à la Justice. Nous espérons que la famille Cuvelier va suivre... Les 3000 plaignants sont des salariés mais aussi des victimes environnementales.

A Paray-le-Monial aussi une action au pénal a été engagée pour atteinte à la santé et homicide par imprudence. L’instruction est en cours. Des enquêteurs interrogent les anciens salariés de l’usine.

Les victimes et les familles qui ont engagé cette action judiciaire savent qu’il n’ont aucun gain financier à en attendre. Mais ils veulent faire condamner ceux qui ont démoli leur santé, ou qui leur ont pris un mari ou un père.
Les Eternit de Paray-le-Monial se sentent totalement solidaires de leurs camarades italiens de Casale Monferrato. Le Caper Bourgogne a décidé de participer au rassemblement qui aura lieu à Turin le 6 avril. Nous avons loué un bus. Les inscriptions sont en cours. Pour la région, le Caper Ardèche et le Caper Isère seront présents. Une délégation de l’Ardeva Midi-Pyrénées viendra en voiture. Une dizaine de personnes de l’Ardeva Dunkerque viendront en train, avec la délégation de l’Andeva qui partira de Paris. »

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°29 (avril 2009)