Un coup d’accélérateur vient d’être donné pour la déconstruction et la dépollution de l’usine d’amiante d’Aulnay-sous-Bois. Sauf imprévu, elles devraient être terminées d’ici la fin de l’année.

Fermée depuis 1991 sans avoir été désamiantée, le Comptoir des Minéraux et Matières premières d’Aulnay attendait en vain d’être démoli depuis des années.

L’ancien exploitant proposait une démolition classique à l’air libre, après un simple « dépoussiérage ». Les six associations qui interviennent ensemble depuis des années sur ce dossier (le collectif des riverains, les parents d’élèves, Aulnay Environnement, Ban Asbestos et l’Addeva 39) réclamaient que la démolition se fasse sous une bulle englobant chaque bâtiment, afin d’éviter de contaminer le voisinage.

Sur ce site on a broyé par centaines de tonnes et pendant plusieurs décennies de l’amiante, mais aussi du zircon radioactif. Mises en suspension, les poussières se sont accumulées dans les endroits les plus inaccessibles. Dans ce contexte, démolition et désamiantage sont indissociablement liés.

Après des années de mobilisation, les associations ont finalement réussi à se faire entendre : l’inspection du travail, la Cramif et le nouveau maire d’Aulnay, qui a racheté le terrain, défendent aujourd’hui ce point de vue.

Le chantier se fera donc avec un confinement extérieur global des bâtiments par des bâches thermosoudées fixées sur une armature d’échafaudages métalliques, abritant un espace de travail mis en dépression et protégé par une seconde enveloppe de polyane.
Un ensemble complet d’analyses d’air, de poussières et de terre (amiante, plomb, zircon) est en cours, avec des sondages destructifs comme le prévoit la réglementation.

Les associations ont eu communication des documents techniques et participeront régulièrement à des réunions de suivi du chantier.
Au vu des garanties qui leur ont été données, elles abordent ce chantier avec un préjugé favorable, mais elles entendent bien rester dans leur rôle en exerçant un contrôle vigilant sur le déroulement des travaux dans tous ses aspects (mode opératoire, protection des opérateurs, suivi médical...).

L’achat du terrain par la municipalité a déverrouillé une situation bloquée depuis des années, mais il a aussi pour effet de réduire la facture du pollueur, ce qui donne un goût amer à cette victoire.
86 victimes ont été recensées à ce jour par les associations. La moitié sont décédées. Une majorité sont des victimes environnementales.
Il y en aura d’autres.

La recherche active de victimes et le signalement des cas par le corps médical sont aujourd’hui des priorités.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°29 (avril 2009)