« Beaucoup de postes de travail étaient exposés à l’amiante, explique Marcel Nicolaus. L’un des pires était une sorte de blockhaus, dans lequel on faisait des réactions dangereuses à une température de moins 190 degrés.
C’était un bloc de béton de 5 mètres sur 5 mètres au sol, et d’une dizaine de mètres de haut. A l’intérieur il y avait un réacteur cylindrique en métal.
Entre le béton et le métal il y avait un espace vide d’un mètre environ. Il était entièrement comblé avec de la poudre d’amiante. On l’introduisait et puis on la tassait en la foulant avec les pieds.
Tout en bas de ce bloc béton, il y avait un trou d’homme. Quand la poudre d’amiante se chargeait d’humidité, on la sortait à la pelle, on la mettait en sacs et on la séchait. Puis, quand elle était sèche, on ramenait les sacs et on comblait de nouveau le vide entre le cube de béton et le réacteur
Les plus chanceux avaient des masques, les autres un simple foulard passé autour du nez.
Ces masques étaient faits pour les mineurs de fond. Ils étaient totalement inadaptés pour protéger les salariés de l’amiante.
Quand on les plaçait devant le soleil, on voyait les petits trous. Les fibres d’amiante passait à travers. Les narines se remplissaient de poussière d’amiante.
Ce type d’installation existait à deux endroits. 80% des personnes qui y ont travaillé sont malades de l’amiante
 ! »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°29 (avril 2009)