« Aujourd’hui nous sommes 370 »

A la tribune le 7 mars, Marjorie, veuve de l’amiante, a lancé un appel.

« Certains d’entre vous me connaissent peut-être, je suis Marjorie, veuve de Serge, électricien aux chantiers de constructions navales Normed à Dunkerque, décédé le 27 mars 2007 des suites d’un mésothéliome. Il avait 53 ans.
Avec l’aide de l’Ardeva, nous avions déposé entre les mains du Procureur de la République de Saint Omer la décision prise par Serge de porter plainte au pénal contre la Normed. C’était le 3 mai 2006. J’ai décidé de poursuivre son combat.
En 2004, les veuves de l’association étaient 140. Aujourd’hui nous sommes 370 et le compteur de l’apocalypse va de plus en plus vite.

Continuer à se battre, pour que nos souffrances ne soient pas vaines

Alors, après les marches des veuves et des victimes de l’amiante autour du palais de justice de Dunkerque toutes les trois semaines pendant plus d’un an qui, médiatiquement, nous ont rendus tristement célèbres en France et en dehors de nos frontières, des avancées ont été réalisées dans le domaine de la justice.<br
Ceci est dû à notre mobilisation derrière l’Ardeva, l’Andeva et tout le réseau. Sans cela rien n’aurait avancé.
Il faut rester vigilant, continuer à se battre pour que nos souffrances et celles des victimes ne soient pas vaines.
Il faut se faire entendre pour les autres, pour nos enfants…

Cette catastrophe sanitaire ne peut pas rester impunie

Cette catastrophe sanitaire ne peut pas rester impunie.
Certains industriels avides de bénéfice, employeurs, hommes politiques même médecins sans scrupules ont mis la vie d’autrui en danger.
10 morts par jour en France, des milliers de victimes, et aujourd’hui le Président de la République qui voudrait mettre la justice aux ordres du pouvoir politique.

Il faut un jugement des coupables

La fragile indépendance du juge d’instruction va disparaître et ce sera au bon vouloir du pouvoir de diligenter ou pas les enquêtes… Les coupables ne seront peut-être jamais punis. Il faut un jugement des coupables. On n’empoisonne pas impunément des travailleurs.
Pour ces raisons, il faut mobiliser à nouveau les victimes, les familles, les médias et les gens qui nous soutiennent.

Nous sommes prêtes à reprendre les actions

Dans la continuité de l’appel du 25 novembre 2004, nous sommes prêtes à reprendre les actions « pour la Justice, contre l’Oubli » avec les victimes de l’Ardeva, de l’Andeva et de son réseau.
Il faut aussi, derrière nous, le soutien de toutes les associations de victimes, des syndicats, des partis et des élus politiques qui ont la conviction que l’on agit dans nos droits. On a besoin de tous pour se faire entendre aux ministères, au parlement. »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°29 (avril 2009)