Le Canada a extrait et exporté plus de 60 millions de tonnes
d’amiante dans le monde entier. Ses gouvernements successifs ont apporté un soutien indéfectible à cette industrie et ce commerce
porteurs de mort.

L’unique souci des industriels de l’amiante a toujours été de continuer à gagner de l’argent, en sachant bien qu’au Canada et ailleurs des gens allaient mourir.
Créé par l’industrie minière, l’Institut du Chrysotile est chargé d’orchestrer la désinformation sur l’amiante. Le gouvernement canadien relaie cette propagande mensongère. Quand la France interdit l’amiante, il l’attaque devant l’Organisation Mondiale du Commerce. Par trois fois il réussit, par des manoeuvres sordides, à empêcher l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux de la Convention de Rotterdam. Les gouvernements canadiens successifs ont apporté un soutien indéfectible à ce commerce mortifère.

Des conséquences tragiques dans le tiers monde

Le Canada a exporté à travers le monde plus de 60 millions de tonnes d’amiante. Aujourd’hui, il n’en consomme presque plus. Depuis que l’amiante est interdit dans l’Union européenne, il l’exporte vers les pays en expansion les plus vulnérables : Inde, Pakistan, Indonésie, Thaïlande...
Dans ces pays abusés par la propagande mensongère du Canada n’existe pas de législation protectrice. Les travailleurs sont exposés dans des conditions atroces. Les informer du danger serait mauvais pour le commerce… Ces pays n’ont ni registre des maladies professionnelles fiable ni registre des cancers. Impossible de comptabiliser les victimes.

Au Canada : une hécatombe qu’on ne peut plus cacher

Le Canada a une longue histoire de dissimulation des maladies dues à l’amiante. Le Québec affiche un retard incroyable en matière de prévention. Pour continuer à vendre, il faut mentir...
Mais les données sur les maladies et les décès sont désormais publiques. Elles détruisent ces mensonges officiels, rendant la position du gouvernement intenable.
L’Institut national de santé publique du Québec a publié plusieurs études épidémiologiques sur l’amiante. En 2005 un rapport intitulé « Epidémiologie des maladies reliées à l’exposition à l’amiante au Québec » établit que le Québec a un des plus forts taux de mortalité par mésothéliome de la planète.
Les statistiques canadiennes indiquent plusieurs centaines de décès annuels par mésothéliome (461 nouveaux cas en 2006). Comme dans tous les pays industrialisés, l’amiante est le tueur majoritaire en milieu du travail. Au Canada, plus de 60% des décès d’origine professionnelle sont dus à l’amiante, au Québec ce chiffre monte à 84%. Ces données apportent un flagrant démenti au mythe de l’innocuité ou de la faible dangerosité du chrysotile.

Un tremblement de terre dans le monde politique canadien

Aujourd’hui, le Parti libéral du Canada, qui avait toujours soutenu l’industrie de l’amiante lorsqu’il était au pouvoir, demande l’arrêt de la production d’amiante. Michael Ignatieff, son nouveau chef, a pris clairement position pour l’arrêt des exportations d’amiante canadien. Son argument est simple : « c’est la science qui doit guider nos choix ». Il a précisé que son parti prendrait des mesures pour aider à la reconversion des travailleurs des mines.
Avant lui, Pat Martin, député à la Chambre des communes depuis 1997, avait souvent interpelé la classe politique canadienne. Il a lui-même travaillé dans les mines d’amiante et avait accepté de témoigner au procès que l’Institut du Chrysotile avait tenté d’engager contre l’Andeva.
Cependant la position d’Ignatieff a un tout autre poids politique : Pat Martin est député d’un petit parti, le « Nouveau Parti démocratique », tandis que le parti libéral est le principal parti d’opposition.
Nathan Cullen un député du parti de Pat Martin, a déposé un projet de loi contre l’extraction et l’exportation d’amiante.
Patricia Davidson et Dona Cadman, deux députées du parti conservateur (parti de Harper, l’actuel premier ministre), ont courageusement pris position pour l’arrêt des exportations de cette substance cancérigène.

La société civile et savante se mobilise

Scientifiques, militants, médecins et même des banquiers... la liste des opposants à l’exportation de l’amiante s’allonge.
En octobre 2008 le Journal de l’Association médicale canadienne titrait son éditorial : «  La mortalité liée à l’amiante : une exportation canadienne ». Il dénonçait l’intervention du Canada à la Convention de Rotterdam pour « protéger l’industrie de l’amiante canadienne, même si cela signifie contribuer à la morbidité et à la mortalité reliées à l’amiante dans le monde en développement ». L’article poursuivait : « Il est inexplicable que le Canada exporte de l’amiante à des pays pauvres qui ne peuvent l’utiliser sans danger. Il est toutefois inexcusable de descendre beaucoup plus bas pour étouffer le résultat du travail d’un comité d’experts, d’injecter des millions de dollars dans un institut [l’Insitut du Chrysotile] qui est le petit copain de l’industrie (…) . Le gouvernement du Canada semble avoir calculé qu’il est préférable pour l’industrie de l’amiante du Canada d’agir dans l’ombre comme les marchands d’armes, sans égard aux conséquences mortelles. Il ne pourrait y avoir de plus claire indication que le gouvernement sait que ses agissements sont scandaleux et répréhensibles. »
 
Dans une lettre du 1er décembre 2009, l’Association Canadienne des Médecins pour l’environnement et l’Institut Rideau mettent en garde la ministre de la Santé :« La gravité de cette épidémie évitable rend inconcevable que le ministre de la santé de notre pays fasse la sourde oreille aux recommandations de l’Association médicale canadienne, de la Société canadienne du cancer, du Congrès de travail du Canada, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Fédération mondiale des associations pour la santé publique, qui demandent tous qu’on mette fin à l’utilisation et à l’exportation de l’amiante sous toutes ses formes. » 

Parmi les signataires on trouve la Société canadienne du cancer, des syndicats et de nombreuses sommités médicales. 


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°31 (décembre 2009)