CENTRE DE PRODUCTION DE VITRY (94)

L’amiante ? On en parlait peu dans ce centre de production pharmaceutique, où bien d’autres produits dangereux étaient manipulés. Il y a quatre ans une recherche systématique des victimes a été engagée avec l’appui du CHSCT, du syndicat CGT des retraités et de l’Addeva 93.
Ce travail de longue haleine commence à porter ses fruits : des indemnisations ont été obtenues, la faute inexcusable de l’employeur a été reconnue, une bataille pour la reconnaissance comme site amianté est engagée.
La presse en parle… Serge Franceschina est l’un des animateurs de
l’Addeva 93. Il apporte ici son témoignage.


« Je suis parti en retraite en décembre 2004, explique Serge. Deux mois plus tard, le service médical présentait un tableau de toutes les déclarations en maladies professionnelles connues de 1975 à 2005 : 43 maladies étaient dues à l’amiante. Un chiffre énorme, effarant !
Nous avons commencé à mesurer l’ampleur du drame, qui touchait les salariés de notre entreprise.

Rechercher les victimes

Nous avons commencé à rechercher des victimes et des familles de victimes décédées, pour leur proposer notre aide. Le syndicat CGT des retraités a envoyé une trentaine de lettres. Nous avons reçu quatre ou cinq réponses. C’était un début…
Un tract d’information a été distribué dans l’usine. Le bouche-à-oreille a fonctionné : des gens sont venus nous dire qu’ils connaissaient un collègue malade, ou qu’ils avaient entendu parler de « quelqu’un qui connaîtrait quelqu’un... » Nous avons ainsi retrouvé cinq nouvelles victimes.
Pour mener à bien ce travail de fourmi, j’ai eu dès le début le soutien du syndicat CGT des retraités.
Avec l’Addeva 93 j’ai appris à monter un dossier d’indemnisation pour une caisse primaire ou le Fiva et à engager des actions en faute inexcusable de l’employeur. Après plusieurs années de travail commun le syndicat des retraités a adhéré à l’association comme personne morale. Nous avons obtenu que les salariés et les retraités puissent passer un scanner. L’un d’eux s’est découvert un cancer broncho-pulmonaire. Il a pu être opéré à temps.

Un dossier de 378 pages

L’importance du nombre de maladies et de décès nous a poussé à demander l’inscription de l’établissement sur la liste ouvrant droit à la cessation anticipée d’activité. Nous étions conscients des difficultés, mais bien décidés à mener ce combat. Nous avons réalisé un dossier de 378 pages avec une liste des victimes connues, des témoignages, et des documents (fiches techniques, procès-verbaux de CHSCT, analyses, photos, plans de retrait …)
Nous avons tenu une conférence de presse la veille de la manifestation du 10 octobre en expliquant pourquoi nous demandions le classement de l’établissement. Nous en étions alors à 69 victimes recensées.
Le 10 octobre, nous étions à la manifestation nationale de l’Andeva. Dans le cortège, la veuve d’un collègue a pris contact avec nous... Nous en sommes maintenant à 70 maladies dues à l’amiante, dont 28 décès.

La responsabilité de l’employeur est reconnue

Nous aidons des victimes et des familles à engager des actions en faute inexcusables devant le TASS. Des procédures avaient été gagnées, il y a quelques années au centre de recherche de Vitry et à Romainville. Le 24 novembre, nous avons remporté notre première victoire au centre de production de Vitry. Ce jugement a eu un large écho médiatique (AFP, Parisien, Figaro, FR3…). Quatre autres dossiers vont suivre...


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°31 (décembre 2009)