Il y avait la décharge, le terrain de jeu des enfants, les "maisons castors" que les ouvriers fabriquaient eux-mêmes après le travail. Du sol au plafond, tout était en amiante-ciment. Et, comme à la mine, on entrait chez Eternit de père en fils.

Les salaires étaient au-dessus de la moyenne. Les ouvriers touchaient même une prime Saint-Joseph lors de la fête du patriarche, qui donne son nom à une rue de la ville. Cette prime se transformera en 1968 en treizième mois. Les colonies de vacances pour les enfants des personnels, la fanfare de Prouvy étaient la vitrine de la « politique sociale » de l’entreprise. Mais lorsqu’un inspecteur du travail stigmatisait l’empoussièrement des locaux, la direction menaçait de fermer l’usine.

Il faudra attendre les grèves de 68 pour voir arriver les premiers équipements de protection : chaussures, gants, lunettes, masques… Malgré cela, jusqu’à l’interdiction, on continuera à travailler dans les poussières d’amiante au mépris de la santé des ouvriers. Certains ouvriers, quitteront l’usine sans avoir vu un masque de toute leur carrière.


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°31 (décembre 2009)