L’obésité est un prétexte facile pour expliquer le handicap respiratoire et réduire l’indemnisation.
Les atteintes non cancéreuses liées à l’amiante peuvent provoquer un handicap respiratoire qu’on mesure en pratiquant des explorations fonctionnelles respiratoires.
La mesure du handicap respiratoireDeux paramètres permettent alors d’évaluer ce handicap respiratoire : 1) la capacité pulmonaire totale (CPT) dont on considère qu’elle est diminuée lorsqu’elle est égale ou inférieure à 80 % de la valeur moyenne théorique ; 2) le taux d’oxygène dans le sang artériel ou Pa02 (pression partielle de l’oxygène dans le sang artériel) qui est considérée anormale (on parle alors d’hypoxémie) lorsqu’elle est égale ou inférieure à 70 mm de mercure (mmHg) **.
Les conséquences de l’obésitéIl se trouve qu’une obésité massive (ou dite morbide) définie par un index de masse corporelle (IMC) égal ou supérieur à 40 (voir ci-dessous l’encadré sur l’indice de masse corporelle) peut également altérer ces paramètres. l’ascension du diaphragme, refoulé dans le thorax dans le cadre d’une importante obésité abdominale, ampute la capacité pulmonaire totale dans sa composante « réserve expiratoire » et entraîne donc sa diminution ; la mauvaise ventilation des bases pulmonaires, alors que la perfusion est relativement conservée entraine une mauvaise oxygénation du sang avec baisse de la Pa02. Il s’agit du même mécanisme qui peut se produire dans les atteintes liées à l’amiante.
Une « explication » bien commodeIl est alors tentant pour un certain nombre de médecins conseils et d’experts pneumologues, lorsqu’ils sont en face d’une diminution de la CPT et/ou de la Pa02, d’en rendre responsable le poids, au lieu des lésions liées à l’amiante. Ils n’ont pas peur par exemple de développer un tel argument alors que la victime ne présente qu’une surcharge pondérale (IMC compris entre 25 ou 29,9) ou une obésité modérée (IMC compris entre 30 et 34,9). Or la doctrine médicale en la matière est claire (voir l’encadré ci-dessous) : seule l’obésité massive (ou morbide), avec un IMC égal ou supérieur à 40, est susceptible d’entraîner une perturbation de la CPT et de la PaO2.
Une nécessaire vigilanceDès lors les victimes doivent être vigilantes quand on leur oppose des arguments liés au poids excessif et rappeler à leurs interlocuteurs médecins qu’ils ne sont pas autorisés à raconter n’importe quoi. ** Le lecteur pourra se reporter à l’article publié dans le Bulletin de l’Andeva numéro 31, pages 28 et 29, qui explique ce que signifie cette baisse de la Pa02.
Article paru dans le bulletin de l’andeva n°32 (mars 2010) |