L’Association des salariés de l’arsenal victimes de l’amiante (Asava) a tenu une assemblée générale extraordinaire le 14 janvier 2010.
Les 112 présents ont voté à l’unanimité pour le rattachement de l’Asava à l’Andeva.
« Ce n’est pas en restant dans son coin qu’on fait bouger les choses »
« Notre association a vu le jour en avril 2007, explique Jean Herquin, son président. Au départ, elle a été créée par des militants de la CGT pour répondre aux besoins des salariés de la base navale de Toulon. »
L’amiante ne fait pas de différence
Cette base navale regroupe des milliers de salariés, avec des statuts très divers : des travailleurs de l’État qui dépendent du ministère de la Défense, des salariés du privé qui ont des conventions collectives, des contractuels, des sous-traitants… Au total plus de 5 000 personnes réparties dans diverses directions. Il y a enfin les personnels militaires qui sont affectés. « Le but de notre association, explique Jean Herquin, son président, est de défendre toutes les victimes de l’amiante, quel que soit leur statut. car l’amiante ne fait pas de différence : elle empoisonne les uns et les autres. »
Le besoin d’une association spécifique était bien réel. Les chiffres en témoignent : « Nous avions 49 adhérents en octobre 2007, explique Jean.
A l’AG extraordinaire du 14 janvier 2010, où fut votée l’adhésion à l’Andeva, nous étions passés à 392 adhérents à jour de leurs cotisations ! »
87 maladies professionnelles en 3 ans
Dès sa création le premier travail de l’association a été d’aider les personnes contaminées et et les familles dans leurs démarches. « En trois ans, explique Jean, l’association a constitué 87 dossiers de maladies professionnelles et d’indemnisation de victimes ou d’ayants droit. Seize de nos adhérents sont décédés de l’amiante. Nous avons quelques cas chez les militaires et les sous-traitants, mais, dans leur majorité, nos dossiers concernent des salariés civils dépendant du Ministère de la Défense. Il s’agit de personnel d’Etat avec un statut particulier (les dossiers sont suivis par le service des pensions des Armées de La Rochelle). En général nous y trouvons, des interlocuteurs compétents et disponibles. Nous n’avons pas rencontré de difficulté majeure jusqu’ ici pour la reconnaissance de ces maladies.
Pour démarrer ce travail nous avons eu l’appui de l’Ardeva Sud-Est, qui nous a beaucoup aidés. Nous avions la volonté d’agir, mais pas toutes les connaissances nécessaires. Il a fallu nous former sur la gestion des dossiers. »
Unir les forces qui agissent dans la région
L’activité de l’Asava s’inscrit dans une dimension régionale.
« Avec l’Ardeva Sud-Est, nous avons le projet d’ériger une stèle commémorative à la mémoire des victimes de l’amiante. Le projet se précise. La municipalité de Toulon nous a réservé un emplacement dans un lieu très passant, face à la mer. Ce sera une stèle en souvenir de toutes les victimes de l’amiante et pas seulement celles de la base navale.
Nos deux associations ont aussi mis en place des groupes de parole avec une psychologue. »
A la Seyne aussi, il y a de très nombreux salariés victimes de l’amiante.
Ce sont des anciens des chantiers de construction navale de la Méditerranée. Eux aussi mènent des batailles sur l’allocation de cessation anticipée d’activité avec la Mutuelle de la Méditerranée.
Il est donc naturel de se retrouver devant le Palais de Justice, lorsqu’il y a une audience aux prud’hommes ou demain devant le tribunal administratif, quand les dossiers des travailleurs de l’État y seront plaidés.
Le besoin d’un rapport de force national
« Après deux années d’existence, nous ressentons le besoin de ne pas rester dans notre coin mais au contraire « de jouer collectif et solidaire » avec tous les acteurs qui interviennent sur l’amiante, au plan national également.
Quand les associations du Nord-Pas-de-Calais sont confrontées à la baisse des indemnisations, elles organisent ensemble une mobilisation régionale.
Quand les victimes sont confrontées aux retards dans le traitement des dossiers du Fiva, la solution du problème n’est ni à Toulon ni à Cherbourg. Il faut un rapport de forces national pour obtenir des embauches.
C’est pourquoi nous avons ressenti le besoin de nous relier à une association nationale, qui fédère un grand nombre d’associations locales et soit capable de les mobiliser pour porter leurs revendications auprès du gouvernement.
Nous avons donc proposé l’adhésion à l’Andeva à nos adhérents. Ils ont compris et y ont adhéré. »