Chez Aubert et Duval aux Ancizes, l’amiante a fait de véritables ravages : « En 2004, avec l’aide du syndicat CGT, certains salariés ont passé un scanner. explique Franck Barse, le secrétaire du Caper des Ancizes, Sur les 200 premiers examens, 76 ont révélé une maladie due à l’amiante ! A ce jour l’association compte 250 victimes ». Un chiffre énorme mais provisoire et bien inférieur à la réalité.

Au vu d’un tel nombre de maladies, l’inscription sur les listes Acaata aurait dû être une évidence. Le Ministère l’a pourtant refusée. Le Tribunal administratif de Clermont, la Cour d’appel de Lyon et pour finir le Conseil d’État l’ont enjoint de réexaminer l’inscription.

Des mois ont passé. Le ministère a fait le mort. Il joue sur les mots en expliquant que la Justice lui a demandé de « réexaminer » l’inscription et non « d’inscrire ».

En réponse à une question posée à l’Assemblée par André Chasseigne, député PCF, Fadela Amara a d’abord convenu que les décisions de Justice devraient « conduire l’État à inscrire cette entreprise dans la liste », mais elle a ajouté aussitôt « qu’une telle décision serait lourde de conséquences pour l’organisation de cette entreprise, fournisseur de l’industrie aéronautique, qui fait partie des fleurons de notre industrie ». La santé de l’industrie passe avant celle des salariés et le respect des décision de Justice !

« L’argument ne tient pas debout », dit Georges Renoux, vice-président du Caper, qui rappelle que "l’usine a connu du chômage technique. En fait ils craignent surtout que l’inscription d’une aciérie fasse boule de neige pour d’autres. "

Les salariés ont manifesté. Ils ont rencontré le préfet et Brice Hortefeux, ex-ministre du travail, qui s’est défilé.

La bataille pour l’inscription sur les listes continue. Une plainte au pénal a été déposée par trois juges d’instruction. Les gendarmes ont interrogé une centaine de victimes. Une action s’engage aux prud’hommes pour la réparation du préjudice d’anxiété. Aubert et Duval est dans le collimateur...

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°33 (août 2010)