Une délégation Solidarité Asie-Québec s’est rendue au Québec en décembre 2010.

Ses sept membres étaient venus du Japon, de l’Indonésie, de la Corée du Sud et de l’Inde.

Il y avait parmi eux des militants, un syndicaliste et plusieurs victimes de l’amiante

Leur but : s’opposer à la réouverture de la Mine Jeffrey.


 

"Nous faisons appel à votre conscience et à votre responsabilité afin de protéger nos enfants et nos familles"

« Le financement de la mine Jeffrey par le gouvernement du Québec serait une erreur tragique », explique Sugio Furuya, qui conduit la délégation.

« J’ai fait ce long voyage depuis l’Inde pour vous dire que les histoires rassurantes racontées par l’industrie de l’amiante sont fausses, dit Anup Srivastava, représentant de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) qui regroupe 13 millions de travailleurs dans le monde.
L’industrie ment quand elle affirme que les normes de protection de la santé au travail, dans le tiers monde, sont identiques à celles du Québec »
. En Asie, beaucoup de travailleurs découpent sans protection des toitures en amiante-ciment. Au Québec c’est interdit.

« En Asie, les morceaux d’amiante-ciment endommagés sont réutilisés pour construire des maisons. Nos enfants jouent dans les débris d’amiante. Au Québec, c’est interdit », témoigne Muchamad Darisman, préventeur en Indonésie.

Pour Kazumi Yoshizaki, dont le père est mort d’un mésothéliome, « La vie humaine est plus importante que les profits de l’industrie. »

« L’amiante a détruit ma vie », », témoigne Rachel Lee, une sud-coréenne de 45 ans, qui vécut deux ans près d’une usine qui mélangeait l’amiante chrysotile et le ciment. Elle a un mésothéliome.

« Le gouvernement a l’obligation morale de faire prévaloir l’avis des experts en santé sur les pressions qu’exerce l’industrie de l’amiante », dit Yeyong Choi, directeur de Ban Asbestos Network Korea, qui rappelle la position des sociétés médicales du Québec.

« Nous faisons appel à tous les Québécois. Vous protégez vos familles contre l’amiante en refusant qu’on l’utilise dans vos domiciles et vos écoles. Il est injuste que vous acceptiez, en toute connaissance de cause, d’exporter aux populations vulnérables de pays en développement ce produit mortel que vous refusez d’utiliser », lance madame Omana George, de l’Asia Monitor Resource Centre. « Nous faisons appel à votre conscience et à votre responsabilité sociales afin de protéger nos enfants et nos familles ».

« Nous vous supplions de ne pas financer le commerce global du produit létal qu’est l’amiante », insiste M. Furuya.

« Investissez plutôt les 58 millions de dollars dans la création d’emplois sains pour les gens d’Asbestos.
Le reste du monde surveille ce que le Québec fera. Ne vous déshonorez pas : refusez plutôt de soutenir le financement de la mine Jeffrey et préservez ainsi de nombreuses vies humaines ».

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°34 (janvier 2011)