Saisie par l’Andeva et l’association calédonienne (l’Adeva NC), l’Agence nationale de sécurité sanitaire a publié un rapport sur les dangers de l’amiante naturel que l’on rencontre dans les sols de ces deux îles.

Un risque sanitaire longtemps
nié par les autorités locales.

Les roches amiantifères libèrent des fibres cancérogènes dès qu’elles sont déstructurées soit à l’occasion d’activités humaines, soit par érosion naturelle. Les inhaler est dangereux pour les ouvriers qui effectuent des terrassements à l’occasion de travaux routiers ou pour le creusement des fondations de bâtiments et d’ouvrages divers. Les populations qui vivent dans ces zones sont également exposées, lorsqu’elles se livrent à diverses activités, notamment agricoles.

Des situations d’urgence sanitaire

Au village de Murato (Corse) 41% des plus de 50 ans ont des plaques pleurales !

Chez les Mélanésiens vivant sur la « terre blanche » chargée d’amiante, en Nouvelle Calédonie, la densité de mésothéliomes environnementaux est très élevée.

Ces faits étaient connus.

Ce rapport les confirme et recommande des mesures : achever la cartographie des zones amiantifères, améliorer les techniques de métrologie, réglementer la protection des populations locales (arrêt de chantier par l’inspection du travail, gestion des déblais, etc.), limiter la constructibilité, obliger le vendeur à informer l’acheteur sur la nature des roches dans les zones à risques.

Il aborde la surveillance médicale des populations concernées et préconise l’extension du programme national de surveillance des mésothéliomes (PNSM) à la Nouvelle Calédonie.

La responsabilité des pouvoirs publics est engagée.

Pour l’Andeva et l’Adeva NC « la balle est maintenant dans le camp des gouvernements français et calédonien. Ces recommandations doivent être mises en œuvre sans tarder », malgré les pressions des lobbys économiques (BTP et tourisme en Corse, extraction du nickel en Nouvelle Calédonie).

L’Andeva et l’Adeva réclament que les sanctions des contrevenants soient aggravées et souhaitent être consultées sur les mesures à prendre.

Elles regrettent que la situation dans les mines de nickel et au voisinage soit exclue du rapport (amiante et nickel étant géologiquement liés).
L’Andeva et l’Adeva NC demandent qu’une étude complémentaire soit réalisée par l’Anses dans les meilleurs délais : tous les experts mondiaux du Nickel prévoient que la Nouvelle Calédonie va, dans les prochaines années, devenir un des premiers producteurs de ce métal. Ce miracle économique ne doit pas se faire au détriment de la santé publique : « le nickel doit nous faire vivre, pas nous tuer », dit André Fabre.

L’Andeva et l’Adeva NC rappellent qu’une ordonnance signée il y a un an et demi par le gouvernement français permet au gouvernement calédonien d’ouvrir l’accès du Fiva à toutes les victimes calédoniennes, quelle que soit l’origine de leur contamination. Elles lui demandent d’agir d’urgence.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°34 (janvier 2011)