Une première

200 veuves et victimes de l’amiante venues de toute la France ont été reçues le 19 octobre durant plus de deux heures à l’Assemblée nationale par des parlementaires des deux chambres de l’ensemble des groupes politiques.
Cela ne s’était jamais fait.

L’objectif de cette rencontre inédite, organisée par le groupe d’étude amiante de l’Assemblée nationale, l’Ardeva Nord-Pas-de-Calais et l’Andeva, était d’attirer l’attention du parlement sur la lenteur des procédures pénales, sur les obstacles juridiques à la tenue d’un procès pénal, sur le manque de volonté politique de voir un jour tous les responsables de cette catastrophe sanitaire renvoyés devant un tribunal correctionnel et sur le sentiment d’injustice ressenti par les victimes et leurs familles.

Les parlementaires, émus par les témoignages, se sont engagés à créer un groupe de travail mixte (députés et sénateurs), pour déposer une proposition de loi améliorant la justice pénale pour l’ensemble des délits non intentionnels.


 

Pour un procès pénal de l’amiante, 200 veuves et victimes de l’amiante reçues à l’Assemblée nationale

Pierre Pluta rappelle l’ampleur de la catastrophe sanitaire de
l’amiante :

« Un siècle de mensonges, de souffrances, de vies détruites, de familles brisées…

10 morts chaque jour en France tués par l’amiante dont un grand nombre avant l’âge de la retraite…

100 000 morts dans les deux prochaines décennies...

L’Association de Dunkerque comptait 140 veuves à la première marche en décembre 2004, elles sont 470 aujourd’hui…

« Pourquoi voulez-vous un procès pénal alors que vous êtes indemnisés ? » a-t’on osé nous demander au ministère !! 

Il ne s’agit pas de crier vengeance ni de voir tomber des têtes, mais pour que les veuves puissent faire leur deuil, il faut que les responsables de la mort de leur mari rendent des compte à la justice.

C’est aussi pour la prévention : les leçons du scandale de l’amiante n’ont pas été tirées…

De nombreux produits cancérogènes sont encore utilisés sans précaution.
Nous ne voulons pas que demain nos enfants soient tenus de se battre et de défiler dans la rue après avoir été empoisonnés.

C’est aussi pour que le procès serve d’exemple : les grands trusts continuent en toute connaissance de cause à empoisonner dans les pays en voie de développement... Ils profitent de la misère pour s’enrichir en empoisonnant les pauvres gens.

C’est grâce à la formidable mobilisation des veuves et des victimes qui en sont à leur 23ème marche silencieuse, à leur courage et à leur ténacité que des avancées ont été obtenues : le regroupement des dossiers chez des magistrats spécialisés du pôle de santé publique, la création d’une cellule d’officiers de police judiciaire, le report de la suppression du juge d’instruction indépendant. Mais, d’autres obstacles ont surgi.

Pourquoi 14 ans après le dépôt des premières plaintes aucun responsable n’a encore été renvoyé devant le tribunal correctionnel ? Pourquoi ce manque d’empressement des autorités judiciaires à poursuivre les responsables de cette catastrophe ? 

Nous ne comprenons pas cette impunité. 

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°34 (janvier 2011)