sur les têtes de l’industrie minière de l’amiante

Le gouvernement québécois tergiverse encore et hésite depuis plus d’un an à accorder une garantie de prêt de 58 millions de dollars aux repreneurs éventuels de la Mine Jeffrey près de la ville d’Asbestos. Le projet insensé de relancer pour une vingtaine d’années la dernière mine d’amiante en activité au Canada reste donc en suspens.

Les principaux clients du Québec, l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande commencent à se préoccuper des ravages causés par l’amiante chrysotile.
L’amiante au Québec a perdu le soutien du principal parti canadien d’opposition dirigé par Ignatieff, mais il garde le soutien apparemment indéfectible d’Harper, actuel premier ministre canadien et de Charest, premier ministre québécois.

Manœuvres et louvoiements du Québec.

Le gouvernement du Québec s’est d’abord défaussé sur les élus locaux de la région d’Asbestos, qui (surprise ?) ont approuvé la relance de la mine d’amiante en incluant des « clauses-parapluie » comme l’obligation pour le Canada de s’assurer que l’amiante exporté sera utilisé de manière « sécuritaire » ou « selon les normes du Québec ».
Le ministre du Développement économique Clément Gignac propose hypocritement de faire inspecter les usines indiennes par des spécialistes québécois.

Dernière manoeuvre : les autorités québécoises ont confié à Normand Paulin, de la Commission de santé et sécurité du travail (CSST), une mission visant à cautionner les exportations d’amiante.
Parallèlement, le gouvernement fédéral a discrètement supprimé la subvention annuelle de 250 000 dollars à l’Institut du chrysotile, à l’occasion d’un vaste programme de restrictions budgétaires.

« Monsieur Amiante » défend « sa » mine.

Le président de la Mine Jeffrey, Bernard Coulombe lance des annonces contradictoires.
En juin 2010, pour faire pression sur les politiques du Québec, il réclame un prêt de 58 millions de dollars « pour sauver les emplois ».

En mars 2007, il dit ne plus avoir besoin du prêt (Il serait allé en Chine relancer un groupe chinois qui voulait investir 40 millions dans la mine souterraine d’amiante en 2009, et s’était finalement désisté).
Bernard Coulombe s’est aussi payé une page de publicité mensongère dans la presse (« le chrysotile démystifié »). Elle commence par ces mots : « Chaque être humain respire environ 10 000 fibres de chrysotile par jour sans effet mesurable sur sa santé ». Affirmation mensongère basée sur un chiffre scientifiquement grotesque.

En fait les investisseurs potentiels (chinois ou autres) regardent avec inquiétude les gouvernements des pays d’Asie clients s’éveiller aux problèmes de santé publique liées à l’utilisation de l’amiante.
Le commerce de l’amiante était plus facile et florissant quand les populations de ces pays étaient maintenues dans l’ignorance totale des dangers.
C’est encore largement le cas, mais cela commence à changer.

Des médecins veulent fermer la mine Jeffrey .

Les associations de médecins et de santé publique, la société canadienne du Cancer ont demandé aux autorités de tirer la conclusion des données scientifiques irréfutables : le Canada doit cesser de produire et exporter son amiante.
Ce consensus remarquable a été amplifié par la communauté scientifique internationale. Une pétition de médecins et scientifiques du monde entier est parvenue aux autorités canadiennes. Les revues britanniques Nature et le Lancet ont publié des textes critiquant la position canadienne et ses conséquences dramatiques sur la mortalité dans les pays en développement.
Les autorités sanitaires canadiennes accordent davantage d’importance aux législations de prévention contre les risques dus à l’amiante en place. Ainsi l’organisme de sécurité au travail de la province de Colombie Britannique vient de fermer 30 chantiers pour violation de la réglementation concernant l’enlèvement de l’amiante lors d’une rénovation ou de la démolition d’un bâtiment.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)