« Tout ce que nous avions vécu nous revenait en mémoire »

« Je n’avais jamais vu la pièce, raconte Pascal.. J’ai été scotché. En sortant, je ne pouvais ni parler ni partager ce que j’avais ressenti. Je suis rentré chez moi… »

« J’en avais vu des extraits à Paris et à Vincennes, dit Noël, mais à Cherbourg, j’ai senti qu’elle était devenue mature. Il y avait beaucoup d’émotion. Les gens se reconnaissaient : l’annonce de la maladie, l’impact sur la famille... »

« Il y avait des moments très forts, approuve Pascal. Quand une veuve ressasse son malheur, quand elle s’adresse à ses enfants ou quand l’industriel intervient... cela prenait aux tripes. La salle était sous le choc. Tout ce que nous avions vécu nous revenait en mémoire. »

« La responsable du Festival « Femmes dans la ville » était là, raconte Noël. En arrivant, elle ne connaissait rien à l’amiante. En sortant elle avait le sentiment d’avoir tout compris ... »

Cette pièce, Françoise l’a vue prendre forme, mois après mois. « Avec Didier, le président de l’Adeva, nous avons suivi le travail de Laurence, qui l’a mise en scène. Les paroles des veuves l’avaient marquée. Elle a voulu les voir. Lors d’une rencontre au local de l’Adeva, elle leur a proposé l’idée de ce spectacle. Plusieurs ont accepté. Elle est allée chez elles recueillir leur témoignage. Puis elle s’est rendue à Dunkerque pour rencontrer Colette, Chantal, Marjorie…

A son retour, elle a présenté un premier jet. Il a été modifié, enrichi... Les mois ont passé. Le jour de la première est arrivé. Je savais que ce spectacle serait éprouvant pour les veuves qui y avaient contribué. Je les ai averties. Je leur ai proposé de participer à l’organisation du spectacle, à la billetterie. Pour elles, cette pièce a été dure a regarder, mais elles l’ont vue ensemble. Elles n’étaient pas isolées. C’était comme une thérapie. Tout ce que je les avais entendu dire depuis douze ans lors des permanences de l’Adeva, nous l’avons vu crier par des comédiens sur la scène d’un théâtre. L’une d’elle m’a dit : « C’était dur, mais cela m’a fait un bien fou.. ». Elle a entendu les mots qu’elle avait toujours eu envie de crier : « Ce n’est pas une affaire d’argent. L’Argent peut nous aider à vivre moins mal, mais ce qu’il faut c’est punir les responsables. »


Si vous désirez que le spectacle se déplace dans votre région,

contactez l’Adeva Cherbourg qui vous mettra en contact avec la troupe : 02 33 54 12 20


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)