« Les maladies liées à l’amiante n’affectent pas que le poumon et la plèvre »

Les maladies dues à l’amiante les plus fréquentes sont des maladies du poumon et de la plèvre. Ce ne sont pas les seules. Les fibres d’amiante peuvent migrer dans l’organisme et provoquer des fibroses ou des cancers affectant d’autres organes. Ce fait est ignoré par de nombreux médecins. Or ces maladies peuvent et doivent être indemnisées.

Le poumon et la plèvre sont les cibles principales des fibres d’amiante

Au niveau du poumon deux structures sont surtout touchées :

- les bronches, conduits par lesquels passe l’air inspiré et expiré. Le cancer bronchopulmonaire est en fait un cancer des bronches.
- le tissu interstitiel, tissu de remplissage du poumon, doté de propriétés élastiques permettant le cycle inspiration/expiration. L’asbestose est une fibrose du tissu interstitiel.

La plèvre (entourant le poumon), est composée de deux feuillets qui glissent entre eux, permettant le jeu du poumon dans la paroi thoracique. Les deux peuvent être touchés :

- Le feuillet pariétal (accolé à la paroi thoracique) est le siège de deux maladies spécifiques de l’amiante : les plaques pleurales qui sont des foyers de fibrose localisés et le mésothéliome pleural, qui est un cancer,
- Le feuillet viscéral (accolé au poumon) est le siège d’une fibrose provoquée par l’amiante. Il s’agit alors d’un épaississement de la plèvre viscérale.
Ces 5 pathologies sont reconnues en maladies professionnelles.

Trois maladies non respiratoires sont inscrites dans les tableaux de maladies professionnelles

Elles concernent l’enveloppe du cœur (le péricarde) et l’enveloppe de l’intestin (le péritoine).
Le péricarde a une structure anatomique de même nature que la plèvre : il entoure le cœur en lui permettant de battre
Le tableau n°30 des maladies professionnelles prend en compte les plaques péricardiques, pathologie fréquente se développant sur le feuillet pariétal du péricarde et le mésothéliome (du péricarde), cancer se développant à partir de ce même feuillet pariétal.
Le péritoine, qui tapisse la cavité abdominale, a une structure de même nature que la plèvre et le péricarde
Le tableau n°30 prend en compte le mésothéliome (du péritoine) qui se développe au niveau du feuillet pariétal du péritoine.

Une étude du CIRC sur les cancers de l’amiante

Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), émanation de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a fait le point récemment sur les cancers liés à l’amiante. Il conclut que l’amiante est un cancérogène avéré, avec des preuves suffisantes, pour le larynx et l’ovaire. Il estime que l’effet cancérogène de l’amiante est possible sur le colon-rectum avec des preuves limitées, mais très fortement suggestives. Il évoque aussi un possible effet cancérogène pour le pharynx et l’estomac, avec des preuves limitées.

D’autres maladies dues à l’amiante ne sont encore dans aucun tableau

Le mésothéliome peut atteindre la plèvre, le péricarde et le péritoine, mais aussi la tunique vaginale du testicule (une émanation du péritoine, faite de deux feuillets, qui permet la mobilité du testicule à l’intérieur du scrotum).

L’amiante peut aussi causer un cancer de la trachée, (située entre le larynx et les bronches, la trachée a une structure analogue à celle des bronches).

Citons enfin une maladie méconnue, la fibrose rétropéritonéale, qui se développe dans la région où passent les uretères, avec le risque de les comprimer, entraînant des dégât irréversibles au niveau du rein. D’après certaines études 80 % des fibroses rétropéritonéales sont liées à l’amiante.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)

Docteur Lucien Privet