Le projet d’installer une décharge de 41 000 tonnes d’amiante sur le site et la menace de licenciement du secrétaire de CHSCT ont été vécues comme une double provocation.

L’amiante a causé une hécatombe chez les salariés d’Eternit, maintes fois condamnée pour faute inexcusable de l’employeur. L’idée de faire revenir l’amiante par dizaines de milliers de tonnes sur le site où il a déjà brisé tant de vies a été ressentie comme une provocation et une insulte. Ce projet a été présenté aux trois maires concernés, qui n’ont informé ni leurs administrés ni leurs élus.
Le Préfet a signé l’autorisation de cette décharge le 20 décembre 2010, veille de son départ du département, sans débat ni étude des dangers pour la population et l’environnement. Les autorités et la direction de l’usine assurent que les déchets amiantés seront « inertes », et sans aucun danger.

« Qu’on enfouisse l’amiante ici ou ailleurs, pour les morts ce sera la même chose », a même osé dire avec délicatesse la responsable de « l’audit social » !
Au même moment, Olivier Melot, le secrétaire CGT du Comité d’Hygiène, de la Sécurité et des conditions de travail (CHSCT) est menacé de licenciement. Tout un symbole !
La réaction des salariés ne s’est pas fait attendre. La grève dure depuis plus d’un mois : contre la décharge, contre le licenciement d’Olivier et pour l’augmentations des salaires. On n’avait pas vu un tel mouvement depuis mai 68.
Deux recours au tribunal administratif ont été déposés par un riverain et par le Caper Bourgogne. A la quatrième semaine de grève, Jean-François Borde, président du Caper Bourgogne annonça 2 nouveaux décès : il y a maintenant 106 morts de l’amiante chez Eternit à Vitry. A l’appel du syndicat CGT et du Caper un rassemblement s’est tenu devant l’usine le 18 mars.

__________________________________

Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)