« De l’amiante, on en respirait partout »

Dans l’épais dossier remis au ministère une multitude de documents et de témoignages confirment le bien fondé de la demande de bénéficier d’une cessation anticipée d’activité.

Aimé, atteint de plaques pleurales, travaillait aux fours. Il posait des calorifugeages d’amiante à la main : « Parfois, lorsqu’elle était chaude, je portais des gants en amiante pour me protéger, explique-t-il. On envoyait l’air comprimé à la soufflette, on balayait l’amiante ! De temps en temps, lorsqu’un rayon de soleil balayait l’atelier, on voyait les poussières d’amiante virevolter »

André était pontier de coulée. Il raconte : « De la poussière d’amiante, j’en respirais toute la journée. La cabine n’était pas fermée ; nous n’avons jamais porté de masque ».

François a été à la maintenance, puis en fonderie : « Lorsque je devais calorifuger des tuyaux, je remplaçais des bandages avec de grands rouleaux d’amiante. »

Roger était aussi à la maintenance. Il a calorifugé et décalorifugé les protections des câbles électriques sans protection. « En 2004, j’ai passé un scanner. Je n’avais rien, mais dans mon service, 13 sur 19 étaient malades. Il y a de grandes chances que je le sois aussi ! »

Franck a des plaques pleurales. Il était électricien au service aciérie : « J’ai manipulé des cordons d’amiante, découpé des plaques, brulé de l’amiante sans aucune protection. La poussière était irritante. Quand je me plaignais, mon chef disait : « Mais l’amiante c’est naturel ».

Bernard, lui aussi électricien confirme : « J’ai calorifugé des câbles d’alimentation, Je mettais l’amiante sur des grosses bobines ».

Jean-Michel, considéré comme un gêneur fut affecté à la décharge municipale, où il resta sept ans : « C’est là que l’amiante et les fours cassés finissaient ! Les camions passaient dans la ville, au grand air. »

Jean, technicien dans un bureau, explique : « Je voyais passer des bennes remplies d’amiante sans aucune protection ».

Christian a des plaques pleurales. Au service thermique il s’occupait des fours à gaz et électrique de l’usine : « On entretenait tous les bruleurs et les fils haute tension avec de l’amiante et dans le service aciérie les gaines brulées amiantées ».

Georges était agent de maintenance au laminoir, puis au traitement thermique et à l’aciérie. « J’ai passé 30 ans derrière les fours explique-t-il. On manipulait les fibres d’amiante sans aucune protection. On ne nous a jamais informés du danger. Tant que je respirerai, je me battrai pour que justice soit faite ».

Léa Veinberg

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)