Prenant à témoin l’opinion bouleversée par la mort de la jeune Laëtitia, Monsieur Sarkozy a réclamé des sanctions contre les responsables des dysfonctionnements de la Justice.
Mais qui sont les vrais responsables, sinon les représentants du pouvoir politique eux-mêmes ?
Ils sont restés sourds aux avertissements répétés des magistrats nantais sur leur manque de moyens et leurs difficultés à suivre les dossiers des détenus en liberté conditionnelle.
Ils n’ont rien fait pour remédier à une situation délétère qu’ils connaissaient très bien. Obnubilés par la réduction des dépenses publiques et du nombre de fonctionnaires, ils l’ont même sciemment aggravée. Un employeur qui agirait ainsi serait condamné pour « faute inexcusable ».
La situation nantaise n’est pas exceptionnelle. Le manque de moyens se retrouve d’un bout à l’autre du système judiciaire, de l’instruction à l’application des peines, avec des prisons surpeuplées qui se transforment en véritables écoles du crime…

Il est plus facile de désigner des boucs émissaires que de prendre des mesures concrètes.

Monsieur Sarkozy préfère rejeter la faute sur les « lampistes » plutôt que d’assumer les conséquences de ses propres choix politiques. Il est plus facile de surfer sur l’émotion de l’opinion chaque fois qu’un drame se produit, en désignant des boucs émissaires, que de reconnaître ses erreurs et prendre des mesures concrètes pour prévenir d’autres drames .
L’Andeva et la Fnath étaient aux côtés des magistrats à Paris, à Nantes, dans le Nord, en Aquitaine et ailleurs, pour défendre une justice indépendante dotée des moyens nécessaires à son exercice, capable d’offrir aux justiciables le service public de justice de qualité auquel ils ont droit.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)