En défendant les victimes de l’amiante, l’Andeva ne défend pas seulement une catégorie de la population décimée par une terrible catastrophe sanitaire. Elle défend aussi des principes et des valeurs qui ont une portée universelle.

Nous défendons l’égalité des droits.

Nous n’avons pas accepté que les victimes du travail soient moins indemnisées que les victimes de droit commun. Nous avons agi pour améliorer la réparation de leurs préjudices par les actions en faute inexcusable de l’employeur et au Fiva.
Nous n’acceptons pas davantage que les sous-traitants exposés à l’amiante n’aient pas les mêmes droits à la cessation anticipée que les salariés de l’entreprise qui les utilise.

Nous défendons un principe de responsabilité.

Nous n’acceptons pas que des hommes qui ont brisé la santé ou la vie de dizaines de milliers d’autres n’aient aucun compte à rendre à la Justice.
Qu’il s’agisse de fibres cancérogènes, de sang contaminé ou de médicaments dangereux, le problème est le même : si les responsables ne sont pas recherchés et punis, si les leçons de ces drames ne sont pas tirées, demain les mêmes causes produiront les mêmes effets : d’autres catastrophes frapperont nos enfants ou nos petits-enfants.
La tenue d’un procès pénal de l’amiante n’est pas une revendication catégorielle. C’est un enjeu de société.

La Justice doit être la même pour tous

Ce principe est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Mais un droit n’existe que s’il est assorti des moyens de l’exercer.
Aujourd’hui des associations de victimes et des syndicats de magistrats se retrouvent ensemble dans la rue ou sur les marches des palais de Justice pour dire haut et fort qu’il n’y a pas de justice sans moyens ni de justice sans indépendance.
La misère matérielle et le manque de moyens humains de la Justice française mettent les magistrats dans l’impossibilité de travailler dans des conditions décentes. Ce sont les justiciables qui en font les frais.
Le président Sarkozy voulait tordre le cou à l’indépendance du juge d’instruction et le remplacer par un magistrat dépendant du pouvoir politique. Il voulait fermer une quarantaine de tribunaux de la Sécurité sociale...
Ces projets ont été mis en échec, mais la partie est loin d’être gagnée.

Une évaluation des risques indépendante est la clé de toute politique de prévention.

Dans les affaires de l’amiante, du sang contaminé, du Distilbène ou du Mediator, on retrouve toujours la main de lobbys industriels qui manipulent l’information pour minimiser le danger, endormir les pouvoirs publics et prolonger un business profitable au mépris de la santé.
Pour échapper à cet engrenage, il faut séparer strictement l’évaluation et la gestion des risques.
Ceux qui évaluent doivent le faire en toute indépendance, sans autre boussole que la rigueur scientifique et le principe de précaution. Ceux qui produisent et gèrent les risques n’ont pas à leur tenir la main...
Le rapport de l’IGAS sur le Mediator est clair : il aurait dû être interdit dès 1999. Les données pharmacologiques étaient auraient dû alerter l’Agence du médicament. Elle a fermé les yeux pendant dix ans.
La santé des populations doit être préservée contre les embardées de la logique du profit. Pour cela il faut bâtir un système de sécurité sanitaire puissant et compétent, indépendant et transparent.
Tels sont les principes qu’ont défendus les représentants de l’Andeva à la création de l’agence nationale de Sécurité de l’Environnement et du Travail.
Ils demeurent plus que jamais d’actualité. Le Profit ou la Santé, il faut choisir.

Alain BOBBIO


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°35 (avril 2011)