Au mépris de la vie des peuples

A quatre reprises, en 2004, 2006, 2008 et 2011, le gouvernement canadien avait opposé avec succès son véto à l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste internationale des produits dangereux.
Le gouvernement russe s’apprête à prendre la relève.

La Convention de Rotterdam se réunira pour la cinquième fois en mai 2013.
Cette convention internationale est placée sous l’égide des Nations Unies. Elle vise à contrôler le commerce des produits dangereux, non pas en les interdisant, mais en instituant des procédures d’information et contrôle de la diffusion de ces produits.
La procédure « PICS » instaure l’obligation pour l’exportateur d’informer le pays acheteur des dangers et d’obtenir son consentement.
La liste des produits ainsi couverts comprend un certain nombre de pesticides et toutes les variétés d’amiante, toutes… sauf l’amiante chrysotile qui représente plus de 95% de l’amiante dans le monde !
L’explication est simple : la règle pour l’inscription d’un produit sur la liste des produits dangereux requiert l’unanimité. Un seul pays peut opposer son veto et dire que l’arsenic n’est pas un poison et l’amiante chrysotile non plus ; ce rôle de voyou a été rempli par quatre fois (en 2004, 2006, 2008 et 2011) par le Canada, ex-grand exportateur d’amiante et de propagande mensongère.
Cependant, comme le Canada ne produit et n’exporte plus d’amiante, le premier ministre Harper a annoncé que le Canada ne s’opposerait plus à l’inscription du chrysotile. En clair, le gouvernement canadien a annoncé cyniquement que le Canada ne sabotera plus la Convention de Rotterdam parce qu’il n’a plus d’intérêt commercial à défendre.
La voie semble libre pour que le plus grand tueur du monde du travail soit enfin inscrit sur la liste des produits dangereux. Mais – il y a un mais – l’année dernière la Russie a rejoint la liste des partis de la Convention de Rotterdam. Or, en Russie, la cause de l’industrie minière et sa propagande est, pour l’instant, appuyée par l’appareil d’état. Le rôle de saboteur de la Convention semble donc dévolu à la Russie.
Un important mouvement international de protestation se développe. L’Andeva a écrit à l’ambassadeur de la Fédération de Russie pour lui demander de recevoir ses représentants pour lui expliquer pourquoi la Russie ne doit pas faire obstacle à la santé publique et à l’information sur les dangers de l’amiante chrysolite.
Une action unitaire de protestation est prévue en mai à Genève au moment de la conférence, avec la participation de délégations de divers pays. La liste n’est pas encore définitivement établie mais ont sait d’ores et déjà que l’Andeva, l’Afeva et Roca (Rotterdam Convention Alliance) seront présents.
(Le 30 mars)


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°42 (avril 2013)