En 2005 une mission amiante rencontrait des veuves de Dunkerque. Son rapport dénonçait «  l’indifférence singulière » d’un État « anesthésié par le lobby de l’amiante » face à un « danger connu de longue date » et soulignait l’importance d’un procès pénal dans les affaires de santé publique.

« ...aucune mesure de sécurité au travail n’a été prise, des décennies durant, contre les dangers de cette fibre, pourtant connus avec une précision croissante. (...) L’usage de l’amiante n’est interdit, en France, que depuis le 1er janvier 1997 (...) Cette interdiction est bien plus tardive que dans d’autres pays européens. »

«  Le CPA a su profiter des carences des pouvoirs publics ». Il a « réussi à se voir quasiment déléguer le dossier de l’amiante par le ministère. (...) l’État, même s’il n’en porte pas seul la responsabilité, a failli à sa mission de sécurité au travail. »

«  Le recours aux juridictions pénales est important dans ces affaires de santé publique » Pour les victimes, « c’est souvent le dernier recours et la seule façon pour elles, même quand elles sont indemnisées, d’obtenir la transparence sur les éventuelles responsabilités en cause. »

« après avoir appris que le drame qu’elles vivent aurait été évitable, [elles] se heurtent aujourd’hui à une absence de volonté d’aboutir à un examen réel des responsabilités et de l’enchaînement des faits devant le juge pénal ».

«  Les victimes vivent cette situation comme un déni de justice. C’est la raison pour laquelle la question du pénal (...)constitue l’une des revendications majeures de l’Andeva et une demande forte des victimes. »

Au cours de son déplacement à Dunkerque, la délégation de la mission a entendu le témoignage particulièrement poignant de deux « veuves de l’amiante » qui ont exprimé le sentiment de gâchis familial et social engendré par l’amiante et qui n’aurait jamais dû survenir si leurs maris avaient travaillé ailleurs.

Elles ont souhaité un procès pénal de l’amiante qui permettrait de désigner les responsables, non par souci de vengeance, mais pour qu’un tel drame ne se reproduise plus jamais. 


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°42 (avril 2013)