Appelé à la barre pour voler au secours des dirigeants d’Eternit, le professeur Romano a soutenu que beaucoup de pathologies attribuées à l’amiante n’auraient jamais dû être reconnues en maladies professionnelles à Casale Monferrato.
« En reconnaissant une maladie professionnelle l’Inail [La Sécurité sociale italienne] fait une évaluation de caractère social, sans rigueur scientifique », dit le professeur Romano de l’Université de Turin.
Indemnisations « sans rigueur scientifique »
- « Sur quoi basez-vous votre jugement ? » demande Sergio Bonneto, avocat des victimes.
« Sur l’expérience de 30 ans comme médecin du travail »…
« Avez-vous vérifié les faits auprès des travailleurs d’Eternit ? ».
« J’ai contrôlé quelques cas, dont émerge une tendance générale. »
Le président Casalbore le questionne :
« Selon vous, l’Inail a reconnu des maladies qui n’en étaient pas ? ».
Romano confirme. Le président lui demande combien.
« La moitié des mésothéliomes reconnus sont douteux »
« Sans examen immunohistochimique, la moitié des diagnostics de mésothéliomes sont incertains, 10% des cas d’asbestose sont douteux et il est impossible de dire avec certitude si les tumeurs du poumon sont dues à l’amiante. »
« Le registre national des mésothéliomes n’est donc pas fiable ? »
« Non », dit Romano qui conteste aussi la rigueur des études épidémiologiques.
« Selon vous, y-a-t-il des maladies professionnelles avérées ? »
Expositions à l’amiante « drastiquement réduites »
Romano l’admet, mais estime que « les niveaux d’exposition ont connu une réduction drastique dès les années 70 »
« Niez-vous l’existence de victimes environnementales qui n’ont jamais travaillé chez Eternit ? ».
« Non, mais le problème est de savoir combien. »
Les salariés d’Eternit et la population de Casale, décimés par l’amiante, ont vécu ce témoignage comme une indécente provocation.
Article tiré du Bulletin de l’Andeva N° 34 (janvier 2011)