A 57 ans, Mustapha est atteint d’un cancer broncho-pulmonaire.
Il déclare une maladie professionnelle en joignant un certificat médical du pneumologue.
La caisse primaire instruit le dossier. L’entreprise IMRI et le médecin du travail sont informés.
Jusqu’ici la procédure suit son cours normal.
Au sortir de 15 jours d’hôpital, Mustapha rappelle le médecin du travail qui a cherché plusieurs fois à le joindre, chez lui, à 7 heures du matin, quand il était en traitement.
« Il m’a demandé si j’étais bien sûr qu’ il s’agissait d’un cancer. Il m’a fait comprendre (en substance) que si le dossier suivant son cours, la dernière société française dans laquelle j’avais été employé souffrirait de certaines conséquences. Qu’il faudrait faire passer des scanners aux ouvriers par exemple et que cela coûterait cher. ».
Mustapha est surpris de cette démarche qu’il perçoit comme une pression pour qu’il renonce à faire reconnaître sa maladie professionnelle.
Il l’est encore davantage quand il apprend que ce médecin a aussi appelé son pneumologue pour lui demander… de revoir son diagnostic ! Ce dernier a refusé et informé son patient.
Mustapha prévient l’association, qui alerte aussitôt la presse ; elle saisit le médecin inspecteur départemental du travail et le conseil de l’Ordre.
« Je n’ai jamais rien vu de pareil, explique Claude Huet, qui n’en est pourtant pas à son premier dossier.
L’Ardennais s’empare de l’affaire.
Contacté par un journaliste, le médecin du travail tente de se justifier : il explique qu’il voulait simplement s’assurer que la maladie n’avait pas été contractée « durant période où il travaillait chez IMRI ». Selon lui, cette maladie pourrait d’ailleurs venir aussi bien de la silice ou… du tabac !
Mustapha ne recevra plus de coups de téléphone : Il est mort de son cancer le 25 novembre 2010.
Son épouse et ses enfants continuent son dossier.
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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°34 (janvier 2011)