29 janvier 2017: L'Addeva écrit à deux experts en prévention et en désinformation

Paru en septembre 2016 aux éditions du Moniteur, le Guide technique de l’amiante dans les bâtiments comporte des passages qui donnent une curieuse idée de la prévention. Ils ont provoqué une réaction de l’Addeva 93 qui a écrit aux deux auteurs.

LETTRE A MM BRASSENS ET TOURON,

 

Combien faudra-t-il encore de souffrances et de morts

pour que vous cessiez de minimiser les risques ?

Messieurs,

La lecture de votre ouvrage nous a stupéfaits et indignés.

Vous vous présentez comme des experts. L’un de vous a été auditeur chez Qualibat et rapporteur au Haut conseil de santé publique, l’autre responsable du laboratoire « amiante » du bureau Véritas.

Mais vous vous insurgez contre les contraintes d’une réglementation que vous jugez «  jusqu’au boutisteâ» voire même «inapplicable» en raison du « coût démesuré» des travaux de retrait.

Vous soutenez qu’il « n’est pas raisonnable de prétendre (...) qu’il y a un risque pour la santé en cas d’inhalation de fibres d’amiante sur des périodes faibles (quelques heures ou jours) à des concentrations faibles ». Et vous vous interrogez sur « la pertinence de seuil qui permettrait d’affirmer la réelle mise en danger de la vie d’autrui.»

Ignorez-vous qu’il n’y a pas pour l’amiante de dose seuil sous laquelle le risque de cancer serait nul ?

Vous affirmez que « l’inquiétude des occupants des bâtiments renfermant de l’amiante » nourrie par la médiatisation de l’affaire de la Tour Montparnasse « ne repose sur aucune réalité scientifique (...) A ce jour il n’a pas été démontré, hormis le cas particulier de cinq chercheurs du campus de Jussieu, l’existence de pathologies liées à l’amiante lors d’expositions passives d’occupants. » Ignorez-vous qu’il y a des malades et des morts de l’amiante chez les fonctionnaires du Tripode ?

Ignorez-vous qu’il y a des cas de mésothéliomes chez des secrétaires, des en­sei­gnants ou des agents administratifs dans toutes les associations locales de l’Andeva ?

Ils n’ont jamais percé, gratté, découpé ou démoli de l’amiante mais ils ont inhalé ses fibres et le cancer les a rattrapés trente ans après.

Une salle informatique, une salle de classe ou un bureau peuvent être pollués après l’intervention d’électriciens qui passent des câbles dans un faux plafond ou d’ouvriers d’entretien qui changent des dalles de sol, sans même que des occupants des locaux en aient conscience.

Des épouses ont inhalé des fibres d’amiante en lavant les bleus de leur maris; à Aulnay (93), des bambins ont été contaminés dans une maternelle proche d’une usine d’amiante...

Vous vous interrogez sur la pertinence du droit de retrait pour les expositions dites faibles.

Combien faudra-t-il encore de souffrances et de morts pour que des gens comme vous, investis d’une mission de prévention, respectent leur déontologie professionnelle et cessent enfin de minimiser les risques?

Pour l’association

Alain Bobbio


Bulletin de l’Andeva N° 53 (janvier 2017)