Vincennes, le 8 avril 2016

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le coût exorbitant des anticancéreux menace
l’accès des victimes aux traitements les plus prometteurs

L’Andeva dénonce l’explosion des prix organisée par les industriels du médicament.
Elle demande aux pouvoirs publics d’imposer des prix conformes au droit à la santé et à l’éthique. Elle appelle toutes ses associations locales à faire signer la pétition de la Ligue contre le cancer pour la fin des prix exorbitants  des médicaments anticancéreux.

20 ans après l’interdiction, les cancers de l’amiante tuent encore plusieurs milliers de personnes chaque année.  Pour le mésothéliome, maladie rare, spécifique de l’amiante, la médiane de survie après le diagnostic est inférieure à un an.

Ces dernières années, la compréhension des mécanismes fondamentaux de ces pathologies s’est améliorée et divers essais cliniques (tels que l’essai MAPS) ont donné des résultats intéressants en termes allongement de la survie et d’amélioration de la qualité de vie des patients atteints d’un cancer du poumon ou de la plèvre.

MESOCLIN, un réseau de centres experts sur le mésothéliome, a été créé dans le but d’apporter une aide diagnostique et thérapeutique à tous les médecins confrontés à cette terrible maladie et de permettre à tous les patients, quel que soit leur lieu d’habitation, d’accéder à des traitements innovants en en cas d’échec du traitement de référence. L’Andeva a soutenu sa création.

Ces avancées modestes mais réelles ont redonné une lueur d’espoir aux victimes de ces cancers meurtriers et à leurs familles. Elles risquent malheureusement d’être fragilisées par le coût exorbitant des anticancéreux de dernière génération.

Deux exemples : Pour un patient de 70 kilos, une seule perfusion de Pemextred/ALIMTA  de 900 milligrammes coûte environ 2000 euros ; une perfusion d’AVASTIN de 1050 milligrammes coûte 2700 euros.

En  une décennie le prix des médicaments anticancéreux a pratiquement doublé.  Cette hausse spectaculaire est un phénomène mondial qui n’a d’autre origine que l’insatiable appétit des actionnaires de l’industrie pharmaceutique. Il y a une totale déconnexion entre l’explosion du prix de vente et la baisse sensible des coûts de production (due à une commercialisation plus précoce suite au raccourcissement des phases de recherche et de développement). 

Les multinationales de l’industrie pharmaceutique fixent leurs prix de vente non pas en fonction de leur prix de revient mais en fonction de ce que le marché peut payer. Pour la même molécule, le prix peut varier de 1000 dollars en Égypte à 80 000 dollars aux États-Unis.

En France, cette dangereuse dérive a suscité un tollé dans le monde médical et associatif : La Ligue contre le cancer a dénoncé ces prix injustes et exorbitants ; 110 cancérologues ont réclamé une maitrise des prix ; la société Française du Cancer,  l'Association des groupes coopérateurs en Oncologie, le Collectif inter-associatif sur la Santé  sont intervenus…

Tous craignent de voir remis en cause l’un des principes fondateurs de notre système de santé :
le droit pour tous les patients d’avoir accès à des traitements efficaces.

En France,  la Caisse nationale d’assurance maladie a jusqu’ici remboursé l’AVASTIN et l’ALIMTA aux hôpitaux, seuls habilités à les prescrire (ils sont sur la « liste en sus » où figurent d’autres médicaments particulièrement onéreux).  Mais pour combien de temps ?

La part des traitements anticancéreux dans les dépenses de l'Assurance maladie était de 6,6% en 2007. Elle atteint aujourd’hui 10% !

Le danger d’en arriver à une restriction d’accès aux traitements les plus coûteux est bien réel et les victimes de l’amiante sont directement concernées.

Aux États-Unis, seuls ceux qui ont les moyens de débourser une centaine  de milliers de dollars par an peuvent accéder à certains médicaments. En Belgique, aucun hôpital n’a participé à l’essai clinique MAPS sur le mésothéliome, le coût de l’AVASTIN étant jugé trop élevé.

En décembre dernier, LA LIGUE CONTRE LE CANCER avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Après l’appel lancé par 110 cancérologues, elle lance une pétition pour demander la fin des prix exorbitants des médicaments anticancéreux (www.change.org/cancers-chers-medicaments)

L’ANDEVA SOUTIENT CETTE INITIATIVE ET APPELLE TOUTES SES ASSOCIATIONS LOCALES À DIFFUSER ET FAIRE SIGNER CETTE PÉTITION.

Au nom de toutes les victimes d’un cancer de l’amiante et des familles endeuillées par une catastrophe sanitaire évitable, l’Andeva s’adresse solennellement aux pouvoirs publics.

Elle leur demande de ne pas céder aux pressions de l’industrie pharmaceutique et d’imposer des prix conformes au droit à la santé et à l’éthique pour l’AVASTIN et l’ALIMTA comme pour tous les anticancéreux innovants.

Ils doivent demeurer sur la « liste en sus ». Les retirer placerait les hôpitaux devant un choix impossible : réduire la survie des patients en renonçant à utiliser ces produits innovants ou financer leur utilisation par des coupes sombres dans leurs budgets au détriment de la qualité globale des soins.

La bataille sur le prix des médicaments est une urgence majeure. C’est l’avenir de notre système de santé qui se joue aujourd’hui. Le médicament n’est pas une marchandise ; la priorité doit être de soigner les patients et non les actionnaires[1]

 

 

[1] les 10 plus gros groupes pharmaceutiques ont distribué en 2014 la somme fabuleuse de 70 milliards d’euros à leurs actionnaires !