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Vincennes, le 6 juin 2017

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

JUSSIEU-NORMED

Les responsabilités nationales du drame de l’amiante seront-elles escamotées ?

 

Ce mercredi 7 juin  les victimes de l’amiante et leurs associations se retrouveront devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, où seront plaidés les dossiers Jussieu et Normed. 21 ans après le dépôt des premières plaintes pénales, la Justice française trouvera-t-elle enfin le courage de renvoyer en correctionnelle tous les responsables des 100 000 morts de l’amiante ? 

Le rôle des magistrats de la chambre de l’instruction devrait se limiter à vérifier s’il existe dans le dossier des « indices graves ou concordants » que les personnes mises en examen ont pu commettre des fautes caractérisées qui ont eu pour conséquence d’exposer de nombreuses victimes à un risque d’une particulière gravité dont elles ne pouvaient ignorer l’existence.

Le ministère public nie l’existence de tels indices et réclame une nouvelle fois l’annulation des mises en examen des hauts fonctionnaires et des lobbyistes du CPA. Selon le parquet général, aucun des protagonistes poursuivis n’aurait disposé du pouvoir de modifier la réglementation et l’état des connaissances scientifiques de l’époque n’aurait pas permis de remettre en cause le mythe de « l’usage contrôlé » de ce matériau mortel.

Ces affirmations sont contredites par de multiples pièces et témoignages du dossier de l’instruction.

Dès les années 60, les effets cancérogènes de l’amiante étaient établis. Dès 1977, il était établi que la valeur limite d’exposition professionnelle était trop élevée pour protéger les salariés du risque de cancers. Dès 1982, il était établi qu’il n’existe pas de seuil d’exposition, en dessous duquel on pourrait être sûr de l’absence de risque de cancer.

Les industriels de l’amiante ont fait du « Comité Permanent Amiante » une véritable machine de guerre au service de leurs intérêts économiques pour duper l’opinion publique, retarder l’interdiction et bloquer les mesures de prévention les plus contraignantes.

Les 100 000 morts de l’amiante étaient évitables. La carence fautive de l’état est manifeste. Les hauts fonctionnaires qui auraient pu participer à un « processus décisionnel » en alertant leur ministre ne l’ont pas fait.

Seul l’aveuglement ou la mauvaise fois pourraient conduire à ignorer les centaines d’« indices graves et concordants » réunis dans les dizaines de milliers de pages du dossier de l’instruction.

A l’heure où les scandales des pesticides, du glyphosate ou des perturbateurs endocriniens montrent l’action malfaisante des lobbys industriels au détriment de la santé publique, le scandale de l’amiante prend aujourd’hui valeur de test. Si aucun des responsables nationaux de la catastrophe n’a finalement à s’expliquer devant la justice, ce sera un signal fort adressé à tous les empoisonneurs de la planète : vous pouvez continuer en toute impunité !

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