Vincennes, le 4 mai 2017 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 

Le véto des empoisonneurs paralyse une nouvelle fois la Convention de Rotterdam

Hier à la conférence internationale de Genève, l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste internationale des produits dangereux  a été bloquée pour la sixième fois en douze ans suite à l’opposition d’une poignée de pays exportateurs de ce matériau mortel. Le refus d’inscrire un produit qui fait plus de 100.000 morts par an dans le monde est plus qu’un échec. Cette victoire des marchands de mort est une véritable faillite pour la Convention de Rotterdam chargée protéger la santé la santé publique et l’environnement.

 

Créée en 2004, la Convention de Rotterdam qui regroupe 157 pays se réunit tous les deux ans. Elle a pour mission d’inscrire les produits les plus dangereux sur une liste internationale. Il ne s’agit pas d’une interdiction, mais d’une procédure de  « consentement préalable en connaissance de cause » (PIC) qui fait obligation au pays exportateur d’informer les acheteurs éventuels de la dangerosité de ces produits. Elle a donc un but limité mais utile.

Malheureusement la règle de fonctionnement de la Convention est le consensus : Il suffit qu’un seul pays, oppose son veto, pour que l’inscription soit rejetée !

A six reprises en 12 ans, une poignée de pays, emmenés d’abord par le Canada, puis par la Russie avec l’appui d’un intense lobbying des industriels ont réussi à bloquer l’inscription. Cette fois-ci ce sont la Russie, l’Inde, le Zimbabwe et le Kazakstan qui sont montés au créneau pour revendiquer cyniquement le droit d’exporter la mort sans informer  du danger les pays importateurs et les victimes.

Au refus d’inscrire l’amiante, s’ajoute cette fois-ci le refus d’inscrire le paraquat, un pesticide redoutable interdit depuis 2007 en Europe !

Des associations de victimes de l’amiante, des syndicats ouvriers internationaux et des organisations de la société civile ont dénoncé un mode de fonctionnement qui réduit la convention à l’impuissance en permettant que 150 pays soient pris en otage par une poignée d’états empoisonneurs.

Afin de sortir de la paralysie, une douzaine de pays africains avaient proposé un amendement modifiant l’article 22 de la Convention.  Il précisait qu’en cas d’impossibilité de parvenir à un consensus, l’ajout d’un produit pouvait être décidé par une majorité de 75% des pays.

 

Cette proposition raisonnable aurait pu garantir la pérennité de cette Conférence. Un sixième refus d’inscrire l’amiante chrysotile sur la liste PIC résonne comme un nouvel aveu d’impuissance de la communauté internationale à protéger la santé des peuples et leur environnement.