« Mon mari était originaire du Nord. Il habitait à côté d’une usine Eternit. A 44 ans, on lui a détecté un mésothéliome pleural. Il n’a jamais travaillé dans l’amiante. »
« Lors de l’annonce du diagnostic, j’étais enceinte de six mois. J’avais avec moi notre fille ainée, âgée de trois ans. Les médecins n’ont pas voulu que j’assiste à la consultation. Elle a duré trois quarts d’heures. Mon mari est sorti, complètement perdu, le regard dans le vide… Il m’a dit : « Il va falloir que tu sois très courageuse. J’ai un cancer dû à l’amiante ».
Je suis allée voir le pneumologue. J’ai demandé : « C’est grave ? ». Il m’a dit : « Oui ». J’ai demandé ce qu’il fallait faire. On m’a répondu : « Vous avez des ordonnances ». Et on nous a laissés repartir comme cela, tous les trois.
Par la suite, la prise en charge par les médecins du service a été satisfaisante.
« Mon mari s’est battu brillamment contre sa maladie. Il ne s’est jamais plaint. J’ai toujours été là pour le soutenir. Il a fallu tout gérer : l’école de la grande, la chimiothérapie de mon mari, la naissance de ma deuxième fille… On ne se pose pas de question. On va au front. On n’a pas le choix. J’ai fait front pendant quatre ans et demi.
La fin de vie a été très difficile. Aux urgences, mon mari a été laissé des heures à l’abandon. Quelqu’un a osé lui dire : « Monsieur, on va vous transférer dans une maison de fin de vie ». J’ai obtenu qu’il reste dans son service. Mais il a lâché prise. Il s’est éteint cinq jours après.
Pour moi, écrire l’avenir, ce serait d’abord respecter la mesure 40 du plan cancer sur le dispositif d’annonce. Je voudrais aussi que le corps médical informe les patients et les familles de l’existence et du rôle des associations. Je remercie l’Andeva qui m’a beaucoup aidée. Et je souhaite beaucoup de courage à ceux qui sont malades et à leurs familles. Il ne faut pas baisser les bras, jamais. »