Pendant des décennies les maladies liées à l’amiante ont connu une progression continue, qui suivait - à 30 ans de distance - la courbe du tonnage des importations d’amiante en France.
Une décrue s’est-elle amorcée ? Quelles prévisions peut-on faire ?
Le Pr Christophe Paris, directeur de recherches à l’Inserm, note que le nombre total de maladies professionnelles reconnues est en baisse, mais précise que la tendance n’est pas la même pour toutes les maladies.
Pour l’asbestose pulmonaire liée à de forts niveaux d’expositions, la baisse est nette.
Mais pour les cancers du poumon et de la plèvre, le pic d’incidence ne sera sans doute atteint que vers 2020.
Pour les plaques et les épaississements pleuraux, le nombre de maladies indemnisées est en baisse.
Est-ce vraiment le nombre réel des fibroses pleurales qui diminue ou leur visibilité sociale qui recule avec la régression du suivi médical post-professionnel ? La question mérite d’être posée.
Les statistiques officielles sous-estiment le nombre réel de maladies liées à l’amiante, qui sont à la fois sous-diagnostiquées et sous-déclarées.
Quelles projections peut-on faire pour l’avenir ?
Si l’on prend en compte le nombre total réel de maladies liées à l’amiante, nous sommes encore vraisemblablement sur une phase de « plateau » et pas encore dans une phase de décrue.
Quand une décrue interviendra, il est probable que le nombre total de maladies ne décroîtra pas aussi vite que le nombre de tonnes d’amiante importées 30 ans plus tôt.