Le 1er septembre, se tient la réunion de rentrée dans le local situé au pied la plate-forme Chimie de Carling/Saint-Avold. Laetitia Nicolaus, salariée de l’association, dirige la réunion. Autour de la table, les responsables bénévoles des permanences de Creutzwald, Bouzonville et Folschviller.

C’est l’occasion de revoir les règles de bonne gestion des dossiers, notamment l’importance de vérifier la conformité des certificats médicaux et des attestations. Un nouveau système de numérisation des dossiers a été installé. On évoque l’accueil des victimes. On pose la question du renouvellement de la permanence de Forbach. On planifie l’activité de l’Adevat pour 2016 2017.

C’est lors de ces réunions mensuelles à Saint Avold, que se forge la cohésion entre bénévoles et salariés. Il faut uniformiser les procédures et vérifier leur bon fonctionnement. On en profite pour évoquer les problèmes rencontrés dans les permanences et recadrer ce qui doit l’être. Les échanges sont cordiaux. Tous ont le même but : une défense la plus efficace possible des adhérents.

Une expérience précieuse, des résultats conséquents

L’Adevat AMP, créée en 2009 sous l’impulsion de Marcel Nicolaus, ancien de la section CFDT de la plate-forme Chimie, compte aujourd‘hui 750 adhérents.
Elle traite elle-même les fautes inexcusables de l’employeur sans passer par un avocat.

A ce jour, elle a fait reconnaître 413 fois la faute inexcusable de l’employeur.
Pour en arriver là, Marcel Nicolaus a passé six mois au tribunal de Metz à écouter ferrailler les avocats, noter leurs arguments et la manière dont ils étaient présentés.

Il a surtout acquis durant des années une connaissance intime des métiers, pratiques et conditions d’exposition sur la plate-forme Chimie de Carling. Marcel y a fait toute sa carrière chez Total, où il a exercé 17 métiers différents, en terminant par le poste de coordinateur d’environnement.

Cette immense plate-forme qui dans ses meilleurs moments faisait travailler plus de 3000 salariés (650 aujourd’hui), hébergeait 33 entreprises dont Total, Arkema, Charbonnages de France et comptait 54 unités de productions différentes. Il la connait comme sa poche et c’est ce qui fait la différence devant les tribunaux.

Trois condamnations
qui en appellent d’autres

Trois entreprises importantes dans la région (TMD Friction de Creutzwald, Manoir Industries et TRW de Bouzonville) viennent d’être condamnées en faute inexcusable de l’employeur par le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) de Metz.

Les dossiers ont été portés et plaidés par l’Adevat.

Plusieurs dizaines d’autres procédures contre les mêmes employeurs seront traités dans les prochains mois devant le tribunal des affaires de sécurité sociale par le TASS et la cour d’appel de Metz.

Laetitia Nicolaus indique que 80 salariés de ces trois entreprises ont fait appel à l’Adevat AMP pour la reconnaissance et l’indemnisation de leur maladie professionnelle, qui sera suivie d’une action en justice pour la reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur.

Le bouche à oreille fonctionne à plein et les anciens de ces entreprises savent à présent qu’ils seront bien défendus.

Au-delà
de l’amiante.

Sur la plate-forme Chimie de Carling/Saint-Avold, on a utilisé bien d’autres produits cancérogènes et toxiques (trichloréthylène, solvants, huiles minérales, silice...) et tous les produits chimiques susceptibles de provoquer des maladies. C’est pourquoi l’Adevat a décidé très tôt de ne pas se limiter aux maladies de l’amiante.

Elle a fait appel dès le début aux services de Lucien Privet, médecin conseil de l’Andeva depuis 2000, dont l’Adevat ne manque jamais de rappeler les mérites. Comme ils le disent avec humour, « Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Lucien Privet ce qui est à Lucien Privet ».

Grâce aux efforts conjoints de l’association et du médecin, de nombreuses maladies « hors tableaux » ont ainsi été reconnues : une vingtaine de leucémies, sept cancers du rein, 3 lymphomes non-hodgkiniens, ainsi que des cancers de la prostate, du pancréas, de la vessie, du larynx et du pharynx.
C’est Laetitia Nicolaus qui s’occupe principalement avec Lucien Privet de ces dossiers dits « de pathologies lourdes ».

L’association a depuis peu débuté une enquête sur la maladie de Parkinson.


ELISABETH WALTER

Le parcours d’un engagement au service des autres

Elisabeth WALTER a travaillé 40 ans dans la société TRW de Bouzonville.
Elle a commencé comme opératrice avant de passer PF2 (traitement de surface des pièces usinées). Elle était adhérente à la CFDT.

Du préjudice d’anxiété
au dépistage par scanner

C’est donc tout naturellement vers ce syndicat qu’elle se dirige lorsqu’elle apprend, en 2009, l’existence d’un «  préjudice d’anxiété » auquel elle aurait droit.

Le syndicat accepte et lui cite le nom de Marcel Nicolaus qui est chargé de plaider dans ces procédures.

Curieuse de rencontrer celui qui doit plaider sa cause, Elisabeth se rend ensuite au siège de l’Adevat pour le voir.

C’est ici qu’elle apprend que sa présence dans cette entreprise et les postes de travail qu’elle a occupés pendant plusieurs dizaines d’années rendent nécessaire un dépistage.

On lui conseille donc de passer un scanner thoracique.

Ce sera la seconde étape.

Du diagnostic de la maladie
à sa reconnaissance

On lui découvre une fibrose en 2010. Elle est loin d’être un cas unique. A Bouzonville, les trois quarts des personnes qui ont engagé une procédure pour préjudice d’anxiété se sont ensuite découvert une maladie de l’amiante.

Elisabeth gère elle-même sa reconnaissance en maladie professionnelle et son dossier FIVA ; puis elle engage une action en faute inexcusable de l’employeur qui sera défendue par l’Adevat en 2014.

Du dossier individuel
à l’engagement collectif

Elisabeth décide alors d’intégrer l’Adevat AMP et de mettre son expérience dans le traitement de dossiers de maladies professionnelles et Fiva au service des autres.

Elle suit une formation médicale avec le docteur Privet et ouvre une permanence à Bouzonville.

En 2012, elle devient vice-présidente de l’Adevat-AMP, puis forme elle-même son remplaçant à Bouzonville.

Elle continue aujourd’hui à tenir des permanences à Saint-Avold et à aider les victimes.