Un documentaire de José Bourgarel

Sorti en 2009, ce film de 72 minutes donne la parole à des victimes et des veuves de Condé-sur-Noireau (dont plusieurs sont décédées depuis).
Il analyse les causes d’une catastrophe sanitaire évitable, due au « primat du business sur la santé publique ». L’Andeva a été autorisée à le mettre en ligne sur son blog.

Les images d’archives des ouvriers de Ferodo travaillant dans des nuages de poussières d’amiante font froid dans le dos. Les responsables minimisaient le danger. Le médecin du travail, - aujourd’hui mis en examen pour « non assistance à personne en danger » - était rassurant.

Il était membre du Comité permanent « amiante » (CPA), structure informelle de lobbying pro-amiante, créée et financée par les industriels du secteur à laquelle participaient des représentants des ministère, des scientifiques et des syndicalistes.

Le réalisateur interviewe des défenseurs de l’usage « contrôlé » de l’amiante qui évoquent le passé avec une effarante bonne conscience.
Il donne aussi la parole à des militants qui ont porté le combat pour l’interdiction (François Desriaux, Henri Pézerat, Marie Pascual, Michel Parigot), mais aussi à des parlementaires (Gérard Dériot, Patrick Roy) et des scientifiques (Marcel Goldberg, Claude Got) dont les rapports ont aidé à briser l’omerta.

Le film évoque la création de l’Andeva, les mobilisations des victimes et montre les enjeux du combat pour un procès pénal.

En 2009, José Bourgarel a expliqué sa démarche dans une interview au Bulletin de l’Andeva. Il considère que toutes les leçons de cette gigantesque catastrophe sanitaire n’ont pas été tirées et qu’elle est l’illustration d’une logique économique qui consacre le « primat du business sur la santé publique. »

« Une histoire en particulier m’a bouleversé, nous confiait-il. J’ai rencontré à Condé-sur-Noireau une femme, qui finalement n’a pas voulu apparaître dans le film. Elle était elle-même malade, son mari était décédé, et ils avaient contaminé leurs trois enfants à cause des fibres déposées sur leurs vêtements de travail. Et cette femme me disait : « J’ai tué mes enfants. » On ne ressort pas indemne de ces rencontres. »

http://andeva.over-blog.com

Des photos de Nanda Gonzague

Ces images crépusculaires sensibles, poignantes, sur l’amiante à Condé sont données à voir sur Internet. Elles sont issues d’un ouvrage
collectif « la France vue d’ici » paru aux éditions La Martinière

« Aux confins du Calvados et de l’Orne, la vallée de la Vère, surnommée « la vallée de la mort », est emblématique des ravages causés par l’amiante, écrit Nanda Gonzague dans son texte de présentation.

De Condé-sur-Noireau à Flers, les 2700 ouvriers travaillant pour l’équipementier automobile Ferodo-Valeo ainsi que les habitants des villes alentour ont été exposés à la poussière mortelle de 1927 à 1996.

Pourtant le lien entre l’exposition au minerai et les maladies respiratoires est signalé par un inspecteur du travail dès 1906. Son rapport reste lettre morte.

L’amiante, elle, laisse aujourd’hui toute une population en sursis, suffocant à la réalité de la maladie et au poids des démarches. Tragédie sociale, les habitants les plus âgés de Condé évoquent une vallée entièrement blanche, recouverte de poussières d’amiante. Les femmes et les enfants étaient amiantés au contact des hommes revenant de l’usine.

Aujourd’hui, rares sont les familles qui ne comptent pas aujourd’hui au moins une victime parmi les pères, les mères, les oncles, etc.

En 1996, la France abandonne l’amiante mais, autour de la vallée de la Vère, il ne se passe pas de mois sans que deux ou trois personnes soient enterrées. »
Les photos sur Condé

http://www.lafrancevuedici.fr/reportage-vallee-de-l-amiante.php

D’autres reportages

ont été réalisés ou sont en cours sur les dockers de Dunkerque, la mine de Canari en Corse, l’usine Eternit de Terssac...

Le livre

La France vue d’ici (éditions La Martinière).

Le projet

http://www.lafrancevuedici.fr/le-projet.php