L’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux (liste PIC) a été bloquée pour la sixième fois en douze ans suite à l’opposition d’une poignée de pays exportateurs de ce matériau mortel. Le refus d’inscrire un produit qui cause plus de 100.000 morts par an dans le monde est
plus qu’un échec. Cette victoire des marchands de mort est une véritable faillite pour la Convention de Rotterdam dont la mission est de protéger la santé la santé publique et l’environnement.
Au refus d’inscrire l’amiante, s’ajoute cette fois-ci le refus d’inscrire
le paraquat, un pesticide redoutable interdit depuis 2007 en Europe !
Créée en 2004, la Convention de Rotterdam qui regroupe 157 pays se réunit tous les deux ans.
Elle a pour mission d’inscrire les produits les plus dangereux - tels que certains pesticides - sur une liste internationale.
Il ne s’agit pas d’une interdiction, mais simplement d’une procédure de « consentement préalable en connaissance de cause » (PIC) qui fait obligation au pays exportateur d’informer les acheteurs éventuels de la dangerosité de ces produits.
Elle a donc un but limité mais utile.
Une Convention réduite à l’impuissance
Le fonctionnement de la Convention repose malheureusement sur le consensus : il suffit qu’un seul pays oppose son véto, pour que l’inscription soit rejetée !
Ainsi l’inscription de l’amiante chrysotile, cancérogène avéré responsable de plus de 100 000 morts par an dans le monde, a été bloquée six fois en douze ans par une poignée de pays, emmenés d’abord par le Canada, puis par la Russie et l’Inde avec l’appui d’un intense lobbying des industriels.
Une prise d’otages qui indigne la société civile
Cette fois-ci ce sont la Russie, l’Inde, le Zimbabwe et le Kazakhstan qui sont montés au créneau pour revendiquer cyniquement le droit d’exporter la mort sans informer du danger les pays importateurs.
Des associations de victimes de l’amiante, des syndicats ouvriers internationaux et des organisations de la société civile du monde entier ont dénoncé un mode de fonctionnement qui réduit la Convention à l’impuissance en permettant que 150 pays soient pris en otage par une poignée d’états empoisonneurs.
Sortir de la paralysie
Afin de sortir de cette paralysie qui discrédite cette conférence, une douzaine de pays africains ont proposé un amendement modifiant l’article 22 de la Convention de Rotterdam.
Il précise qu’en cas d’impossibilité de parvenir à un consensus, l’ajout d’un produit peut être décidé par une majorité de 75% des pays.
Cette proposition raisonnable aurait pu garantir la pérennité et l’efficacité de cette Conférence.
Un sixième refus d’inscrire l’amiante chrysotile sur la liste PIC résonne comme un nouvel aveu d’impuissance de la communauté internationale à protéger la santé des peuples et leur environnement.