Après la démolition de l’usine Ferodo-Valéo
de Caligny, s’ouvre un nouveau chantier pour l’Aldeva Condé-Flers.

« Avec le temps, les bâtiments se dégradent, des tôles d’amiante-ciment dégringolent, des bureaux amiantés s’écroulent... »

Le démantèlement des usines amiantées qui souillent la région depuis plus d’un siècle est engagé. La première étape a été bouclée en 2015 avec la disparition de l’usine de Caligny, travaux en partie financés par Valéo grâce aux efforts conjugués de l’Aldeva et de la Fnath locale. Il avait fallu neuf années d’efforts pour en arriver là. Une réussite et un soulagement pour les riverains.

Nouvelle usine, nouveau défi

L’Aldeva a décidé de se tourner maintenant vers l’usine du Plat-Fond, située sur la commune de Sainte‑Honorine la Chardonne dans la vallée de la Vère, dramatiquement surnommée la « Vallée de la Mort » en raison du nombre impressionnant de victimes de l’amiante recensées sur ses différents sites.

L’ancienne usine est devenue une friche industrielle toxique

En théorie, le site a été dépollué au moment de sa reconversion. En fait, il comporte encore nombre de matériaux amiantés visibles à l’œil nu et nos photos en attestent.

Avec le temps, les bâtiments se dégradent, des portions de toiture tombent, les tôles de fibrociment se dégradent et dégringolent en cascade ; des bureaux largement amiantés s’écroulent…

Des habitations à moins d’un kilomètre

Cette ancienne usine d’amiante est devenue une friche industrielle toxique où des groupes de squatteurs séjournent régulièrement. Des cyclotouristes la longent tous les jours et des ouvriers travaillent encore dans les carrières toutes proches. Sans parler des habitations dont certaines, se trouvent à moins d’un kilomètre.

L’association de défense des victimes de l’amiante de Condé/Flers n’en reste pas là.

Elle organise une conférence de presse pour dénoncer le danger que représente cette ancienne usine.

Elle en profite pour rappeler que, si l’utilisation et l’importation d’amiante en France est interdite depuis le premier janvier 1997, les fibres de l’amiante en place continuent d’empoisonner nos bâtiments, nos maisons, nos hôpitaux, nos écoles, etc.

Le chiffre habituellement cité de 20 millions de tonnes d’amiante lié encore en place est très probablement sous-estimé.

Une pollution environnementale endémique

L’usine du Plat-Fond est un terrible exemple de cette pollution environnementale endémique et personne, hormis l’Aldeva, ne semble s’en préoccuper.

Le site n’étant fermé que depuis 12 ans, la société Ferlam Technologies ne peut se prévaloir de la prescription trentenaire qui a permis à de nombreux pollueurs d’échapper à leurs responsabilités.
Elle devra donc procéder à son compte au désamiantage et à l’évacuation des déchets amiantés de l’usine et assurer la mise en sécurité du site. Les usagers de cette vallée ne doivent plus inhaler de fibres d’amiante.

« Notre lettre à Ségolène Royal est restée sans réponse »

Devant les risques importants que fait courir cette friche industrielle aux riverains, l’Aldeva a adressé le 3 mars 2016, un courrier à Ségolène Royal, alors Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.

L’association lui demandait de bien vouloir étudier le cas de cette ancienne usine d’amiante, et les mesures à prendre pour assurer la sécurité des riverains. A ce jour, l’association est toujours dans l’attente d’une réponse.

l’usine du plat-fond

- En 1837, une filature est construite par Jean Germain, un industriel du coton de la région.

- En 1889, elle est rachetée par Jules Germain qui y installe une usine traitant l’amiante.

- En 1894, elle emploie 120 salariés.

- En 1904, la Société Française de l’amiante, société concurrente, est créée par les industriels de Flers.

- En 1927 Ferodo prend le contrôle du l’usine du Plat-Fond

- De 1927 à 1997, l’usine appartient à divers exploitants dont Valeo, Ferlam/Evers ou la Filature de la Vère. Ferlam Technologies en sera l’ultime propriétaire. L’usine est spécialisée dans la filature et le retordage de fils, tout d’abord à base d’amiante (pour une production de 700 tonnes par an), puis à base de fibres de verre après l’interdiction en 1997.

- En 2005, Ferlam Technologie procède à la cessation de son activité et à la fermeture de l’usine du Plat-Fond. Elle est alors vendue pour un prix dérisoire à la commune de Sainte‑Honorine-la-Chardonne.
Le cadeau empoisonné par excellence.