Le 5 juillet, au lendemain de la réunion de Birmingham sur l’amiante dans les écoles, Jacques Faugeron et Patrice Raveneau de l’Andeva étaient invités à une conférence organisée par le « Great Manchester Asbestos support group », le plus important des groupes de soutien de Grande Bretagne, présidé par Graham Dring.

Pour les participants, ce fut l’occasion de s’informer sur la situation dans ce pays qui a très largement utilisé le matériau sous toutes ses formes. Car, comme aime à le répéter Laurie Kazan-Allen : « Les Anglais aimaient l’amiante comme les canards aiment l’eau ».

Les associations anglaises sont divisées en 11 groupes de soutien, répartis de l’Ecosse au sud de l’Angleterre. Ils se sont développés au début des années 90 suite à l’ampleur de la vague des mésothéliomes.

Soutenir la recherche sur le mésothéliome

Cette maladie tient une place centrale dans le combat des associations d’outre-Manche.

Chaque année, une journée du mésothéliome est organisée et donne lieu à des rassemblements simultanés dans plusieurs grandes villes. Cette année, elle s’est tenue le 8 juillet à Manchester, Liverpool, Sheffield, Birmingham et Derby. Son objectif est d’obtenir du gouvernement qu’il soutienne financièrement la recherche sur cette maladie.

Des chiffres effrayants

Pendant 140 ans, les industriels anglais ont importé le matériau par millions de tonnes et l’ont intégré à de multiples produits. Près d’un million et demi de personnes sont régulièrement exposées dans leur travail ; un demi-million de locaux professionnels et un million de logements individuels ou collectifs sont encore pollués ; 5000 personnes en meurent chaque année en Grande Bretagne. On estime que 250 000 citoyens britanniques auront perdu la vie à cause de l’amiante d’ici 2020. Des chiffres encore plus élevés qu’en France.

Les grandes figures de la lutte contre l’amiante

Durant sa présentation, Graham Dring est revenu sur les grandes figures britanniques de la lutte contre l’amiante en Grande- Bretagne. En commençant par Alice Jefferson qui a commencé à travailler à 17 ans dans l’usine Hebden Bridge et qui est décédée à 48 ans d’un mésothéliome. Le documentaire télévisuel qui lui a été consacré a eu un grand retentissement public et a poussé le gouvernement à imposer les premières mesures de protection et de contrôle.

Il y a aussi June Hancock qui, petite fille, avait l’habitude jouer dans les rues contaminées par l’usine Turner Brothers de Leeds. Sa mère est décédée d’un mésothéliome et June elle-même a été diagnostiquée en 1994. Elle est la première personne en GB à avoir été indemnisée pour une contamination environnementale. Elle est décédée en 1997.

Des victimes japonaises, belges ou espagnoles

L’originalité de cette conférence était la présence d’une forte délégation japonaise (20 personnes), principalement composée des veuves et familles de victimes, issues de sept groupements différents.

Le groupement national japonais a vu le jour en 2004. Il compte aujourd’hui 20 branches à travers le pays. Cette importante délégation était l’œuvre de Sugio Furuya qui était déjà présent à Paris en 2012 lors des journées internationales organisées par l’Andeva.

Egalement présent à Bruxelles en mars dernier, Sugio est l’un des piliers de la lutte internationale anti-amiante. Son prochain projet pour 2018 est de déplacer une aussi importante délégation pour la manifestation nationale de l’Andeva.

Parmi les autres participants, citons Eric Jonchkeere de l’Abeva (Belgique), le médecin australien Greg Deleuil (article sur le blog de l’Andeva :

http://andeva.over-blog.com/), ainsi qu’une délégation venue de Barcelone composée de juristes et d’un journalistes de Colectiu-Ronda.


VIVIENNE SWAIN

En ouverture de cette conférence, Vivienne était venue apporter non seulement son témoignage, mais aussi son optimisme à toute épreuve.

Elle a déclaré un mésothéliome en 2015 sans jamais savoir où ni comment elle l’avait contracté. Peut-être par l’intermédiaire de son mari charpentier qui était amené à travailler dans des zones amiantées et qui ramenait ses tenues de travail à la maison. Ou alors à cause de la proximité des Usines Turner et du au domicile familial. Sans doute ne le saura-t-elle jamais.

Vivienne a appris sa maladie en allant consulter suite à un problème respiratoire qu’elle attribuait à de l’asthme. Ce dernier l’a aussitôt dirigée vers un service d’urgence qui lui a retiré un litre et demi de liquide dans les poumons.

Le diagnostic de mésothéliome a rapidement suivi, malgré quelques balbutiements des médecins.

Lorsqu’on lui a donné trois ans maximum à vivre, elle a répondu qu’elle avait trop à vivre et qu’elle serait encore là dans cinq ans.