Dans bien des écoles on trouve encore de l’amiante très dégradé. On en parlait peu jusqu’ici. Mais récemment les appels à l’aide se sont multipliés au siège de l’Andeva à Vincennes.

Les lanceurs d’alertes, parents enseignants, ou personnel scolaire, rencontrent régulièrement les mêmes écueils.

Les documents relatifs aux travaux ou simplement les DTA (Diagnostics amiante) ne leur sont pas transmis malgré les demandes. Ils reçoivent des réponses laconiques des mairies ou des conseils régionaux, souvent assorties de propos pontifiants et paternalistes (« dormez tranquilles, nous veillons sur vos enfants »), voire de menaces à peine voilées.

Des travaux à risque sont parfois engagés en présence des élèves.

C’est un problème majeur de santé publique. Tout ne se règlera pas au cas par cas. Parents, enseignants, associations de victimes doivent s’unir pour imposer aux pouvoirs publics une information transparente et des moyens pour désamianter en sécurité.


Les lanceurs d’alerte
se heurtent à mille et une difficultés

En voici quelques exemples :

Un véritable parcours du combattant

Laurent est documentaliste dans un lycée breton. Le sol de nombreuses salles est recouvert de dalles vinyle-amiante qui se dégradent.

En 2008, le Recteur d’académie invite les personnels susceptibles d’avoir été en contact avec des matériaux amiantés à se manifester. Laurent se saisit du dossier.

Il se procure le dossier technique amiante (DTA)qui confirme la présence d’amiante dans les couloirs, les salles de cours et les logements de fonction.
Laurent interpelle la direction qui ne réagit pas. Il dit ses inquiétudes au CA mais n’est pas entendu.

A force de démarches, il obtient l’accord de la Région pour des mesures d’empoussièrement. Le temps passe. Rien ne vient.

En juin 2013, la Région se décide à les réaliser, mais pendant les vacances scolaires, hors de toute présence humaine susceptible de mettre des fibres en suspension dans l’air. C’est aussi fiable qu’un crash test sur une voiture à l’arrêt !

Les élus enseignants SNES-SGEN-CGT adressent un questionnaire au personnel. Sur 280 personnes sollicitées, il n’y aura aucun retour direct !

La Région envoie enfin un technicien pour faire un diagnostic poussé. Il intervient en présence des élèves qui le croisent en combinaison.

Les résultats - tardifs - éveillent les soupçons de nombreux parents d’élèves. La salle dont le sol est le plus dégradé est classée en dangerosité moyenne.
La société responsable du diagnostic initial est mise en cause. Elle est sommée de se livrer à une révision complète de son diagnostic au plus tard pour l’été 2016.

Enfin, la région décide le recouvrement des dalles, une mesure proposée par Laurent bien des années auparavant.

un refus de donner des informations

Jérôme est le père d’une petite fille de 5 ans, élève d’une maternelle située dans une petite commune à côté de Rennes. Il apprend par hasard que la Mairie, propriétaire des locaux, a programmé des travaux de désamiantage dans un des deux bâtiments de l’école en période scolaire.

L’inquiétude gagne aussitôt les parents d’élèves. Ils sollicitent une rencontre avec le maire, qui refuse ! Suite à une pétition signée par une quarantaine de parents, ce dernier accepte finalement de les recevoir, mais 6 jours avant le début des travaux avec une délégation limitée à quelques représentants.
Malgré leur insistance, les parents d’élèves ne parviennent à obtenir ni le DTA, ni le plan de retrait. Une note récapitulative particulièrement succincte leur est transmise.

Cette absence d’information ne fait qu’accroître leur inquiétude. Ils demandent à ce que les travaux soient repoussés pendant la période de vacances. Le maire fait la sourde oreille. Pour lui, il n’y aucun danger. D’ailleurs, le plan de retrait a été validé par le préfet. Contactés par les parents, l’Académie et la médecine scolaire se retranchent derrière la note de la municipalité.

Devant les atermoiements des autorités locales, les parents contactent la presse suite aux informations réglementaires transmises par l’Andeva. Celle-ci s’est d’ailleurs rendue sur place en la personne de Didier Faure, membre du groupe prévention, qui a constaté de flagrantes irrégularités sur le chantier déjà engagé.

Les parents ont finalement obtenu le report de la phase suivante de travaux pendant les vacances scolaires.

des travaux à risques en période scolaire

Un membre de l’APAL (Association de Parents de l’Amicale Laïque) contacte l’Andeva à Vincennes : Dans une école du Nord, on va démolir un préfabriqué et un local sanitaire jouxtant une salle de maternelle et un dortoir. Tous deux contiennent de l’amiante.

Les parents d’élèves, soutenus par les enseignants mais ignorés par la directrice, interpellent la Mairie : Pourquoi faire en présence des enfants des travaux prévus au départ pendant les vacances ? Quel est l’état sanitaire du local préfabriqué, démonté et détruit sans précaution ?

A la rentrée de printemps, les parents élus de l’APAL tentent de bloquer l’entrée dans la salle de classe tant qu’ils n’auront pas d’assurances sur la sécurité des travaux. Les bâtiments démontés n’ont pas été bâchés. Entre eux et la salle de classe, une simple planche était censée faire barrage aux fibres d’amiante !

La salle de classe n’a pas été vidée. Livres et rideaux sont restés en place tout au long du processus.

Aucune mesure d’empoussièrement n’a été faite en amont de la rentrée et l’entreprise responsable de travaux est restée muette face aux questions de la presse.

Cerise sur le gâteau, le maire est allé jusqu’à requérir les services un cabinet d’avocat pour tenter d’intimider les parents de l’APAL. Il semblerait depuis qu’il cherche l’apaisement…

Et le diagnostic avant travaux ?

Clémence est responsable d’une association de parents d’élèves dans une école qui doit être restructurée à partir de l’été 2018. La durée prévue pour les travaux est de 2 ans et demi.

Le groupe scolaire ayant été construit dans les années 60, l’association s’est inquiétée auprès de la Mairie de la présence d’amiante dans les locaux.
D’autant qu’il est prévu de faire les travaux en présence des enfants. La Mairie a répondu qu’il n’y avait pas de flocages mais des joints de fenêtres, carrelages et autres, qui pourraient être découvert au cours du chantier ! Quid du diagnostic avant travaux ?


CE QUE DEMANDE L’ANDEVA

- La mise en ligne des dossiers techniques « amiante » de toutes les écoles sur un site Internet accessible à tous.

- La planification des travaux hors des périodes scolaires.

- La communication des modes opératoires aux parents et au personnel avant le début des travaux de désamiantage ou de démolition.