Malgré la période défavorable des vacances, plusieurs associations ont fait des actions de protestations devant des tribunaux début juillet.

MACON

Le 6 juillet, à l’appel du Caper Bourgogne un rassemblement a eu lieu devant le tribunal de Mâcon. Les présents étaient en majorité d’ex-salariés de l’usine Eternit de Vitry-en-Charollais, qui fabriquait des plaques et des tuyaux en amiante-ciment. Elle a employé jusqu’à 1 200 personnes. C’était l’un des plus gros employeurs de Saône-et-Loire. Plus de 140 salariés de cette usine sont morts de l’amiante.

« 21 ans d’instruction pour en arriver là, c’est scandaleux », a déploré Jean-François Borde, président de l’association qui a travaillé 34 ans chez Eternit. « Une procédure au pénal ne rapporte pas d’argent aux victimes. Nous voulons que les responsables soient condamnés pour que ces drames n’arrivent pas à nos enfants plus tard. C’est la porte ouverte à tous les abus ».

PORT-DE-BOUC

Le 5 juillet, quatre associations de victimes (le Caper Eternit Caronte, l’Adevimap, l’Avapa d’Arles et SOS Amiante de Marseille) ont tenu une conférence de presse. Les deux cabinets d’avocats (Ledoux et TTLA) étaient présents.

« Comment faire son deuil devant un tel mépris ? » a dit Nicolas Cristofis aux journalistes locaux. Nicolas a travaillé chez Eternit pendant sept ans. Derrière lui, accrochés au mur, des panneaux qui disaient « 10 victimes de l’amiante décèdent chaque jour en France ».

Les ouvriers d’Eternit Caronte-Martigues ont été décimés par l’amiante. Plusieurs de leurs épouses ont contracté des maladies mortelles en lavant leurs bleus de travail. Ce sont les responsables de cette hécatombe que les juges d’instruction veulent absoudre avec le soutien du Parquet.

BOBIGNY

Le 6 juillet des militants de l’Addeva 93 et de l’Association des anciens d’Alstom TSO se sont rassemblés pour une conférence de presse devant le Palais de Justice de Bobigny.

Jean-Paul Mercier, vice-président de l’association, ancien de Placoplatre à Vaujours, a dénoncé cette décision incompréhensible et injuste. Il n’a plus qu’un poumon et souffre d’une grave insuffisance respiratoire qui l’oblige à tirer derrière lui un appareil à l’oxygène. Il a fait condamner son employeur pour « faute inexcusable » et affirme sa volonté de continuer le combat jusqu’au bout.

Aline Archimbaud, présidente du comité de suivi amiante du Sénat, est venue dire sa solidarité.

La sono diffuse une interview de Jean-Michel Giaretta. Son père et son oncle, deux frères jumeaux, avaient travaillé chez Everitube, une usine d’amiante-ciment de Seine-et-Marne. Tous deux sont morts d’un mésothéliome, à deux ans d’intervalle.

Appelé au téléphone, Henri Boumandil, secrétaire de l’association, en vacances en Bretagne, dit son indignation. Il est, lui aussi, insuffisant respiratoire. Le pneumologue vient d’augmenter la dose d’oxygène.

Sylvie Topaloff et Farouk Benouniche, avocats des victimes, appellent à ne pas baisser les bras et annoncent que le combat judiciaire continue.

SAINT-NAZAIRE

L’Addeva 44 a tenu un rassemblement à Saint-Nazaire, où les victimes sont très nombreuses dans les chantiers navals.

« Nous voulons que les responsables soient jugés et punis. Ils ont empoisonné des milliers de gens qui vont mourir dans les années à venir, parce qu’ils n’ont pas pris la décision de stopper l’amiante », a dit Patrick Hamon, le président de l’Addeva 44. Une délégation a été reçue par la sous-préfète. « Nous allons faire remonter l’information. C’est une décision judiciaire sur laquelle nous n’avons aucune prise. Nous sommes de simples médiateurs », a-t-elle dit.

En Loire-Atlantique, il y a eu près de 1 000 morts, depuis 2006. « Si nous perdons cette bataille, il y aura d’autres non-lieu pour d’autres produits employés dans l’industrie dans 20 ou 30 ans. Si on ne réagit pas aujourd’hui, ce sont nos enfants et petits-enfants qui vont trinquer », a dénoncé le président de l’Addeva 44.

Le Caper Thiant a fait une action de protestation le 8 juillet à Valenciennes.