Vincennes, le 29 novembre 2018

COMMUNIQUE DE PRESSE

G20 de Buenos Aires : un appel international à interdire l’amiante

 

Le 24 novembre 2018, 46 personnalités de 16 pays différents ont lancé un appel aux participants du G20 qui se tiendra à Buenos Aires en Argentine à partir du 30 novembre prochain. L’Andeva, qui est un des signataires via son président Jacques FAUGERON, a adressé un courrier au président de la république Emmanuel MACRON pour relayer cet appel.

L’objectif est d'inciter les dirigeants des pays qui ont déjà banni l'amiante à influencer ceux qui en produisent et/ou en consomment encore (Russie, Inde, Chine, Kazakhstan) à faire de même.

 Appel aux dirigeants du G20 pour une action visant à une interdiction mondiale de l’amiante

 

« Le 30 novembre, vous vous réunirez à Buenos Aires pour une réunion importante du G20. Vous examinerez les nombreux défis auxquels notre monde est confronté et vous vous efforcerez de trouver la meilleure voie à suivre. Les différends commerciaux, les changements climatiques, l'instabilité économique et les menaces de guerre sont les défis les plus largement reconnus.

 L'impact dévastateur de l'exposition à l'amiante l’est malheureusement beaucoup moins.

 En 2017, plus de 230 000 personnes dans le monde sont décédées des maladies liées à l'amiante. C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré. Bien que la majorité de ces décès soient dus à des expositions professionnelles, beaucoup sont également dus à des expositions environnementales. Outre le terrible impact humain, le coût économique associé est énorme. Une récente étude canadienne faisant autorité a estimé à plus de 2,3 milliards de dollars canadiens le coût annuel du cancer lié à l’amiante pour ce pays. Nous pouvons supposer que le coût mondial est plusieurs fois supérieur à ce montant.

 Là où l’amiante a été interdit (dans plus de 50 pays) ces décès résultent principalement d’expositions antérieures aux années 90; mais une autre épidémie de maladie liée à l’amiante se prépare dans les pays qui n’ont pas encore interdit l’amiante. Des pays tels que l'Inde, la Chine et la Russie, pour ne citer que quelques-uns, ont une importante population exposée. La hausse des décès liés à l’amiante est alarmante. En Inde, par exemple, ils ont augmenté de plus de 300% entre 1990 et 2017.

 Tous ces décès étaient évitables. Les pathologies et les dangers liés à l’amiante sont bien connus depuis les années 1960, voire plus tôt. De nos jours, des alternatives fiables existent. Même le Canada, qui fut par le passé le plus important producteur et exportateur d’amiante, met en place une interdiction qui verra le jour le 30 décembre 2018.

 Si ces statistiques de mortalité résultaient d'un conflit armé majeur, vous feriez sans doute – en tant que dirigeants - tout votre possible pour y répondre et y mettre fin. Or bannir l'amiante est beaucoup plus facile que de résoudre des problèmes souvent complexes qui conduisent à des guerres. Les pays qui ont mis en oeuvre l'interdiction il y a plusieurs décennies ont bien tracé la voie pour passer de l'utilisation de l'amiante à des solutions de remplacement sûres. Il est vrai qu’à court terme, certains emplois et certaines entreprises pourraient être affectés, mais une transition est possible grâce à un programme de soutien. À la lumière du nombre catastrophique de décès, l'argument selon lequel il faut sauver des emplois à tout prix n'est tout simplement plus défendable, ni humainement acceptable.

 Dans le contexte des nombreux problèmes que vous allez traiter à Buenos Aires, l’amiante apparaît comme un problème extrêmement bien documenté et ciblé dans lequel de nombreux progrès ont été accomplis dans le monde. Les pays qui ont interdit l'amiante sont prêts à aider ceux qui souhaitent suivre la même voie. Vous avez également l'exemple de votre hôte, l'Argentine, et d'autres pays d'Amérique latine qui ont été des leaders dans l'interdiction de l'amiante.

Le moment est également venu d'inscrire le chrysotile (amiante blanc) à la prochaine assemblée de la Convention de Rotterdam sur la liste des produits dangereux, dont le commerce international n’est possible qu’après information préalable sur les risques par le producteur et consentement du pays importateur en connaissance de cause.

Tous les autres types d’amiante sont déjà répertoriés sur cette liste.

 Assez de victimes, assez de souffrances ! Nous, les soussignés, vous appelons à prendre des mesures décisives pour interdire l’amiante dans le monde entier. Nous représentons un large et visible éventail de forces sociales. Cela inclut des syndicats, des employeurs, des associations de défense de victimes de l’amiante, des organisations de santé publique, des chercheurs en santé, des groupes environnementaux et de nombreux citoyens concernés. »