Rouen, le 1er octobre 2019

 COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

INCENDIE DE L’USINE LUBRIZOL :

« Pas de risque amiante avéré » ?
Vous mentez, Monsieur le Préfet !

 

Lors d’une conférence de presse tenue ce jour, le préfet de Seine Maritime a confirmé que durant l’incendie qui a ravagé l’usine Lubrizol à Rouen une toiture d’amiante-ciment de 8000 mètres carrés avait explosé projetant de nombreux fragments aux alentours.

Mais, s’appuyant sur des résultats de mesures d’empoussièrement réalisées au sol, à 200 mètres du site, il a soutenu qu’il n’y avait « pas de risque amiante avéré ».
Il a indiqué que l’éclatement de la toiture était dû à l’effet mécanique de l’explosion de fûts de produits chimiques qui auraient projeté des débris de fibrociment un peu partout, sans libérer aucune fibre d’amiante !

L’Addeva Rouen Métropole et l’Andeva contestent formellement cette affirmation irresponsable et stupide.

Que des mesures d’empoussièrement réalisées un peu au-dessus du niveau du sol, à 200 mètres de l’usine, révèlent une concentration faible voire nulle de fibres d’amiante n’a rien de surprenant.

L’important est ce qui s’est passé dans la colonne de fumée où une masse de fibres d’amiante a voyagé avec les suies.

Dans une toiture en fibrociment, le ciment englobe les fibres d’amiante. Mais, lorsqu’un gigantesque incendie ravage 8000 mètres carrés de toiture amiantée, ces plaques, portées à très haute température, libèrent des milliards de fibres d’amiante dans l’air. Ces fibres ultra-légères et incombustibles sont entraînées par un mouvement ascendant des gaz surchauffés qui peut les transporter – comme les suies - sur des distances importantes, avant qu’elles ne redescendent vers le sol. Elles peuvent alors être inhalées par des personnes se trouvant dans la zone de retombée.

Ce risque est bien connu des spécialistes de la lutte contre le feu. Il était facile de l’éliminer totalement.  Il est aberrant que vingt-deux ans après l’interdiction de l’amiante, cette toiture n’ait pas été enlevée, a fortiori sur un site classé Seveso.

Sur ce site étaient stockés de multiples produits dangereux. Sous l’effet de l’incendie, ils se sont décomposés, formant de redoutables cocktails chimiques. Des travailleurs, des pompiers, des habitants ont respirés ces fumées.

Au-delà de leur toxicité immédiate, on peut redouter les effets à long terme de ces fumées dans lesquelles coexistaient des cancérogènes chimiques et des fibres d’amiante.

Faut-il rappeler que pour l’amiante, comme pour d’autres cancérogènes, il n’existe pas de seuil d’exposition en-dessous duquel on puisse être sûr de l’absence d’effet cancérogène.

L’Addeva Rouen Métropole avec son association nationale, l’Andeva, déposera une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Elle invite toutes les personnes qui souhaitent s’y joindre à prendre contact. Elle soutient la demande de création d’une commission d’enquête indépendante. Toute la lumière doit être faite sur les causes et les responsabilités de ce terrible accident industriel.