Il y a aujourd’hui en France 63 500 établissements scolaires, dont 51 700 écoles et douze millions d’élèves. 85% des établissements ont au moins un bâtiment construit avant 1997, année où l’amiante fut interdit.
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Où est l’amiante ? Dans quel état ? Y-a-t-il un risque ? Quelles mesures prendre ?
Ces questions, des enseignants, des parents d’élèves ou des agents d’entretien se les posent quotidiennement.
Les réponses devraient se trouver dans le DTA (Dossier technique amiante) dont la réalisation incombe au propriétaire des locaux (la mairie pour les écoles, le département pour les collèges, la région pour les lycées).
Mais certains établissements n’ont fait aucun DTA. La proportion est négligeable dans les lycées (1%) mais importante dans les écoles (30%)1. Plus de 15 000 écoles sont hors-la-loi...
Quand le DTA existe, ni lui ni sa fiche récapitulative ne sont aisément consultables sur place, soit parce qu’ils sont ailleurs, soit parce que l’administration refuse de les communiquer.
Quant un prof a la chance de pouvoir y accéder, il s’aperçoit trop souvent que le DTA est incomplet, incohérent et n’est pas régulièrement remis à jour.
Il s’aperçoit aussi que certaines mesures de prévention préconisées par le diagnostiqueur n’ont jamais été mises en oeuvre.
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Ces carences sont graves. Faut-il rappeler que l’amiante est un cancérogène redoutable, actif à très faibles doses ?
Quand le personnel n’est pas informé du danger, si un matériau dégradé n’est pas enlevé (ou s’il est enlevé n’importe comment), c’est la santé et la vie d’êtres humains qu’on met en danger :
le personnel de maintenance ou de ménage qui travaille au contact direct de l’amiante en place, et notamment des dalles de vinyle amiante dégradées,
les profs qui enseignent dans des locaux contaminés sans le savoir, après un passage de câbles informatiques dans des faux plafonds amiantés,
les jeunes enfants, plus vulnérables que les adultes car leurs défenses immunitaires sont plus faibles et leurs voies respiratoires sont plus proches du sol.
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Cette situation est inacceptable.
Les luttes menées en région parisienne au lycée Brassens à Villeneuve-le-Roi, au collège Balzac à Neuilly-sur-Marne, ou dans les écoles de la rue Bachelet à Saint-Ouen montrent une prise de conscience chez le personnel, les parents d’élèves ou les lycéens. Des syndicalistes enseignants s’emparent de ces questions débattues dans les comités hygiène et sécurité.
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Il faut maintenant que les collectivités locales en finissent avec le déni et prennent des mesures d’urgence :
Veiller à l’exhaustivité des repérages dans tous les établissements sans exception,
Numériser les dossiers techniques amiante et leur fiche récapitulative, les rendre accessibles à tous, en les mettant en ligne sur le site Internet de chaque établissement.
Former et informer les agents de service et leur donner des consignes claires pour prévenir le risque amiante.
Veiller à ce que les désamiantages soient faits par des personnels compétents hors des périodes scolaires.
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Mais c’est surtout à l’état qu’incombe la responsabilité d’impulser une politique active d’éradication complète de l’amiante dans les établissements scolaires, avec un plan sur plusieurs années, décliné par région, en traitant en priorité les plus dégradés.
Il faut une volonté et des moyens. C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu.
Jacques FAUGERON
Alain BOBBIO