J’ai travaillé au sein des industries électriques et Gazières (IEG), de 1966 à 1999 : au centre de production thermique de Vitry, puis à EDF-CRTT.

Une galère pour l’indemnisation

En 1985, une radio demandée par le médecin du travail EDF de Tours révèle une plaque pleurale sur mon poumon gauche.

J’ai alors 39 ans et je ne sais rien des maladies de l’amiante.

En janvier 1999 je déclare ma maladie contre l’avis du médecin du travail. Elle sera reconnue avec un taux d’incapacité de 5%.

J’engage alors une action en faute inexcusable avec le cabinet Ledoux devant le Tass de la Rochelle puis devant la Cour d’appel de Poitiers. L’indemnisation sera complétée par le Fiva en 2007.

Il m’aura fallu huit ans pour être complètement indemnisé !

Une galère pour le suivi médical

En décembre 2009 le docteur Alain Carré fait la liste de mes expositions à des produits CMR1 : champs électromagnétiques, solvants dérivés du pétrole, brais, amiante, rayonnements ionisants, huiles minérales, graisses industrielles, suies de combustion, goudrons, solvants chlorés.

En 2010 je fais une demande de suivi médical post-professionnel à la Cpam. Elle refuse pour tous les produits mentionnés, sauf les huiles et dérivés du pétrole.

Je demande des feuilles de soins pour passer un scanner thoracique pour suivre l’évolution des plaques pleurales. Elle refuse.

En octobre 2011, devant ce blocage, je passe un scanner pris en charge par la branche maladie.

Une galère pour ma deuxième maladie

De 1999 à 2013, ma capacité pulmonaire totale est passée de 123% à 81%. Je demande une aggravation. Elle est refusée.

En juin 2015, à l’unité de pathologies professionnelles de Poitiers, les médecins découvrent une seconde maladie liée à l’amiante : l’asbestose (déjà visible sur le scanner de 2011 !)

Le 12 février 2016, je la déclare. Mais, en septembre, la Cpam de la Rochelle la refuse.

La description du travail par l’enquêtrice est irréelle et mensongère. Son rapport contient des erreurs de dates. Elle m’attribue des métiers que je n’ai jamais excercés.
Le dossier part vers le Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (Crrmp).

Je produis des attestations sur l’honneur de collègues de travail qui justifient mes expositions à l’amiante.

Le médecin du travail EDF ne prend en compte ni les PV de Chsct ni la note DP 94‑11 applicable aux métiers que j’ai exercés de 1977 à 1996, note validée par Matex, une base de données à la disposition des Médecins du Travail des IEG.

Finalement, en novembre 2016, le Crrmp rend un avis favorable. La Cpam reconnaît alors ma maladie professionnelle.

Des médecins pas pressés

Les médecins de contrôle EDF reprennent la main. Ils ne sont pas pressés. Je dois attendre le 15 mai 2018 pour être informé par la CNIEG2 que dans sa grande bienveillance elle m’accorde un taux d’IPP de 12%. Trois années se sont alors écoulées depuis l’envoi du certificat médical initial ! Et le remboursement de certains examens par la caisse assurance maladie des IEG, la Camieg, bloque...

Voilà la véridique histoire de 19 ans de galère avec la Caisse d’assurance maladie de La Rochelle. Je perds parfois l’envie de me battre. Et pourtant, pour tous les autres je dois le faire avec l’Andeva afin que ces pratiques intolérables ne se généralisent pas contre les victimes du travail

Jacques Sourie