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Esther Perez, est avocate à la coopérative Col Ectiu Ronda. Défenseuse des victimes et familles de victimes de l’amiante depuis des années, elle est spécialiste des atteintes liées à l’environnement.

Où en sont les procès liés à l’amiante en Espagne ?

EP : Pour les victimes professionnelles, nous avons obtenu une jurisprudence des tribunaux civils. Aujourd’hui, les avancées concernent des victimes environnementales.

En décembre 2017 à Madrid, une décision historique a été rendue en appel pour 39 victimes qui ont été exposées en résidant près de l’usine ou en vivant avec une personne qui travaillait chez Uralita. Il s’agissait d’habitants de Cerdanyola del Vallès et Ripollet (près de Barcelone). Le tribunal a reproché à l’entreprise de n’avoir pas contrôlé la dissémination des poussières dans l’environnement et d’avoir contaminé les habitants. Uralita a dû verser deux millions d’euros au total. Dans les villes de Cerdanyola et Ripollet l’incidence des maladies provoquées par l’amiante est 10 fois plus élevée que dans le reste de l’Espagne.

Quelques jours avant le congrès de Barcelone, a eu lieu un second événement judiciaire : à Madrid, a été rendu en première instance un jugement donnant gain de cause à un collectif de 17 voisins de l’usine Uralita de Cerdanyola, contaminés du seul fait de vivre à proximité ou sous les vents de cette usine. Ce jugement va plus loin que celui de décembre 2017. Il considère que cette société a « manqué de diligence » pour prendre les mesures de protection et qu’elle a disséminé l’amiante dans l’asphalte des rues. Les 39 voisins de l’usine ont donc bien été contaminés par l’amiante d’Uralita. Le juge s’est rendu compte de la gravité de ce dossier. Nous attendons la décision du tribunal suprême espagnol (équivalent de la cour de cassation en France). Elle devrait intervenir dans environ deux ans.

Comment travaillez-vous sur ces dossiers ?

EP : Pour les victimes professionnelles et environnementales, nous travaillons avec un hygiéniste industriel sur l’exposition et avec un pneumologue de Barcelone ainsi qu’un médecin expert en dommage corporel. L’exposition et le diagnostic doivent être prouvés pour contrer nos adversaires qui contestent systématiquement. En Espagne, la prescription tombe un an après le diagnostic. C’est un couperet qui tombe très vite sur des personnes qui pensent plus à gérer la maladie qu’à aller devant les tribunaux. Il faudrait changer la loi.

Qu’a apporté le congrès ?

EP : Il a aidé à sensibiliser l’opinion publique. Sa dimension internationale a montré l’ampleur du problème. Il y a eu peu après une mobilisation contre l’amiante dans le métro.

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