Aucune épreuve ne sera épargnée aux victimes italiennes d’Eternit dans leur longue marche pour la justice.
A Turin, elles avaient fait condamner le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, reconnu responsable d’une « catastrophe environnementale », à 16 ans puis à 18 ans de prison en appel. Puis la Cour de cassation avait annulé ces condamnations en déclarant les dossiers prescrits.
Un deuxième procès pour homicide (« Eternit-bis ») avait alors été engagé avec 258 nouvelles victimes.
Pour le premier procès, tous les dossiers des usines Eternit avaient été instruits et jugés à Turin. Mais, pour le second, ils ont été éclatés dans quatre juridictions différentes, ce qui complique la tâche des avocats et de l’association.
On attendait une clôture prochaine de l’instruction. En fait, elle se prolonge. Résultat : les audiences sur le fond espérées pour 2019 ne commenceront pas avant 2020.
« C’est une injustice dans l’injustice, a déclaré Bruno Pesce de l’Afeva. Plusieurs milliers de victimes subiront les conséquences d’une culture judiciaire dominante qui accorde le maximum de garanties à l’accusé et le minimum de considération pour les victimes. Les protections dont bénéficie l’accusé prennent l’allure d’une absolution, alors que sa responsabilité certaine et que la gravité de ses crimes est avérée. La prescription équivaut à une amnistie. C’est insupportable. »