Avec la crise agricole et les départs en retraite,
une multitude de hangars amiantés
sont laissés à l’abandon
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En novembre dernier, des reportages sont passés au journal de 20 heures et sur France Bleu sur le problème du désamiantage des bâtiments agricoles. Beaucoup de propriétaires qui ne peuvent assumer le coût des travaux préfèrent les laisser à l’abandon. C’est un vaste problème de santé publique. On ne le résoudra que si l’Etat met la main à la poche.

"Il n’y aura pas de solution
si l’Etat ne met pas la main à la poche"

Trois fois le budget de la commune

A Méhers (Loir-et-Cher), de grands hangars abritaient des milliers de poussins élevés en batterie. La toiture de ces poulaillers industriels était couverte de plaques de fibrociment.

Le volailler a fait faillite en 1999. Vingt ans ont passé. Ces hangars sont toujours là, dans un état pitoyable. Pour les désamianter, la commune devrait dépenser trois fois son budget.

Dix fois le montant de sa retraite

France Bleu a publié le témoignage d’un ancien éleveur de 80 ans, propriétaire d’une étable dont le toit en amiante-ciment s’est en partie effondré. Le coût du désamiantage atteindrait dix fois le montant de sa retraite. Il a laissé tomber.

Des millions de mètres carrés de toitures amiantées

Cet éleveur n’est pas le seul. En Bretagne, 90% des bâtiments d’élevage, construits dans les années 70, sont recouverts de plaques ondulées en Fibrociment.
Leur surface totale s’élève à plusieurs millions de mètres carrés !

Ne pouvant assumer le coût du désamiantage et de la déconstruction, des propriétaires font le choix de laisser ces bâtiments à l’abandon. D’autres retirent eux-mêmes les toitures et enterrent discrètement les débris dans un trou creusé à la pelleteuse...

Le besoin d’une aide de l’Etat

En 2014, Gérard Le Cam, sénateur des Côtes-d’Armor avait déjà attiré l’attention de Stéphane Le Foll, alors ministre de l’Agriculture, sur ce problème.
Il avait sollicité un accompagnement et une aide pour les agriculteurs et les éleveurs qui souhaitaient engager le désamiantage et la déconstruction de ces bâtiments couverts en fibrociment.

Le ministère avait annoncé en 2014 un plan pour les aider à financer les travaux. La promesse a fait long feu.


ADDEVA 29-22
Des salariés agricoles contaminés

« Nous avons une quinzaine de dossiers de salariés agricoles qui ont été contaminés par l’amiante dans le cadre de leur travail, a expliqué Gérard Fréchou, le président de l’Addeva Finistère et Côtes d’Armor, interviewé par France Bleu.

Mais nous sommes face à une profession très discrète. Le nombre de cas pourrait être en réalité bien plus élevé.

Ce sont des personnes qui ont utilisé ce matériau lors de la construction ou des modifications ultérieures, en perçant ou en tronçonnant les plaques de fibrociment par exemple ».