La Cour de cassation a légitimé la mise hors jeu des principaux responsables de la catastrophe sanitaire de l’amiante.
Le 11 décembre, la chambre criminelle de la Cour de cassation a pris une décision lourde de conséquences : dans les dossiers Jussieu et Normed, elle a confirmé l’annulation définitive des mises en examen des décideurs nationaux, industriels, scientifiques, hauts fonctionnaires, lobbyistes, qui sont les principaux responsables de la catastrophe sanitaire de l’amiante.
Ces dossiers étaient les derniers où des responsables nationaux restaient encore mis en examen.
Des magistrats renoncent à rendre la justice
Dans une affaire comme celle de l’amiante, du sang contaminé ou du chlordécone aux Antilles, ce sont les responsabilités nationales qu’un tribunal correctionnel doit rechercher en priorité avant celles « du bas de l’échelle ».
Pour rendre la justice aux 100 000 morts de l’amiante, il aurait fallu éclairer l’action des lobbys pour anesthésier l’opinion publique, retarder l’interdiction et limliter les contraintes réglementaires ; rechercher les causes de la faillite des institutions de sécurité sanitaire ; mettre en évidence la démission des responsables d’administration centrale face aux pressions des multinationales de l’amiante.
Mais la Justice a abdiqué, faisant de la plus grande catastrophe sanitaire que la France ait connue une affaire sans responsable. Comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle.
Pourtant l’enquête publiée sur le site de Mediapart, à partir des pièces du dossier
d’instruction, montre que les hauts fonctionnaires du ministère de l’Industrie, relayant le lobby de l’amiante, ont torpillé, en toute connaissance de cause, une directive européenne d’interdiction de l’amiante déposée par l’Allemagne en 1991. Et ce, malgré l‘opposition du ministère des Affaires étrangères qui réfutait les mensonges du lobby de l’amiante sur l’« usage contrôlé » de cette fibre tueuse.
En 22 ans d’instruction, aucun directeur d’administration centrale du ministère de l’Industrie qui a soutenu cette position, ni le ministre lui-même, M. Dominique Strauss-Kahn n’ont été inquiétés par la Justice.
Les victimes n’acceptent pas ce verdict
C’est donc un scandale de plus qui s’ajoute à une liste déjà longue de renoncements judiciaires.
L’Andeva, les victimes et leurs familles n’acceptent pas ce verdict et cet abandon de la Justice française.
Nous envisageons maintenant un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, ainsi que de nouvelles procédures en France, par citation directe cette fois, engagées par de nouvelles victimes.
L’amiante continuera à tuer, année après année pendant encore des décennies.
Les responsables de la catastrophe n’en ont pas fini avec les victimes de l’amiante.