Alors qu’un tribunal italien a condamné le PDG des usines italiennes Eternit à quatre ans de prison (voir pages 27-29), en France les magistrats du pôle de santé publique et le Parquet restent sourds et aveugles : sourds aux plaintes des victimes et des familles dont l’amiante a brisé la vie, aveugles pour la recherche des responsables d’un crime industriel qui continue, aujourd’hui encore, à causer dix morts par jour. La dernière fois qu’ils ont fait entendre leur voix, ce fut en janvier dernier pour rendre un non lieu dans le dossier pourtant accablant de la DCN. Dans un communiqué commun, l’Adeva Cherbourg, l’Addeva 29 et l’Andeva avaient alors dit leur indignation.

« Ce non-lieu est une insulte à la mémoire de nos collègues tués par l’amiante. Nous faisons appel. »

La juge d’instruction Fabienne Bernard a rendu le 8 janvier une ordonnance de non-lieu suite à la plainte pénale déposée par des victimes de la DCN à Brest et à Cherbourg.

Elles n’acceptent pas ce déni de justice.

Plusieurs milliers de maladies professionnelles dues à l’amiante reconnues à la DCN, en Normandie en Bretagne et partout en France,

Des centaines de condamnations pour « faute inexcusable de l’employeur » suite à desactions judiciaires de victimes et de familles endeuillées par l’amiante.

Des centaines de condamnations reconnaissant le préjudice d’anxiété des salariés vivant sous la menace d’une pathologie grave...

Des témoignages poignants sur les conditions de travail de ces ouvriers chaudronniers, modeleurs, mouleurs, charpentiers, tôliers, mécaniciens, électriciens, qui travaillaient dans des nuages de poussières d’amiante.

Et puis… …Plus rien ?

Après 14 années d’instruction, la juge d’instruction Fabienne Bernard a rendu une ordonnance de non-lieu qui s’ajoute à celles d’Everite ou d’Arjuzanx dont elle est un copier/coller.

Elle ne nie pas l’existence de nombreuses maladies et décès dus à l’amiante. Elle reconnaît que « les plaignants ont été exposés sur une période totale s’étalant entre 1944 et 2005 ». Elle admet que des « fautes éventuelles » aient pu être commises.

Mais elle considère qu’il est impossible de dater le début du processus pathologique dû aux fibres d’amiante et donc d’en attribuer la responsabilité « à quiconque »  !

A Cherbourg, Brest et Lorient, ce non-lieu a été ressenti comme une insulte à la mémoire de nos collègues tués par l’amiante.

Nous avons aussitôt fait appel. 

Nous mènerons ce combat jusqu’au bout,

Nous le devons à tous qui nous ont quittés et à tous ceux qui nous quitteront demain, emportés par ces fibres mortelles,

Nous le devons aux générations futures,

Notre combat ne concerne pas seulement les victimes de l’amiante, car le même argument pourrait s’appliquer demain à tous les produits à effet différé (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction).

Ce serait délivrer un véritable « permis de tuer » aux industriels, en escamotant par avance leurs responsabilités pour toutes les catastrophes passées, présentes et futures.

Nous irons – s’il le faut – en cassation.

Tous les responsables doivent être jugés.
100 000 morts, zéro responsable !
Nous n’accepterons jamais !