Après la découverte d’amiante dans le talc Baby Powder, plusieurs dizaines de milliers de plaintes ont été déposées contre Johnson et Johnson par des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire. Face à ce ras-de-marée, le trust a élaboré une stratégie sophistiquée pour réorienter ses ventes vers d’autres continents et éviter de payer les indemnités dues aux victimes.  De récentes révélations sur des injections expérimentales d’amiante et de talc réalisées à sa demande dans les années 60-70 sur des prisonniers confirment à la fois sa parfaite connaissance du danger et son mépris absolu pour la vie humaine. 

Un retrait total des marchés aux USA et au Canada

La médiatisation de la vague de procès engagés contre J&J par des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire ou d’un mésothéliome a provoqué une défiance légitime chez les consommateurs. Les ventes du  « Johnson’s baby powder » ont dégringolé. Et J&J a dû annoncer le 19 mai 2020 qu’il cessait de vendre son produit-vedette aux Etats-Unis et au Canada.

A l’en croire, cette décision était motivée non par des impératifs de santé publique (Le déni de toute présence d’amiante dans cette poudre continue)  mais par la nécessité commerciale de « tenir compte de l’évolution des goûts du public » !

Une redirection des ventes vers les pays d’Asie

Simultanément Johnson et Johnson a annoncé son intention de poursuivre la commercialisation de ce produit  vers tous les autres pays du monde, en particulier vers les pays d’Asie où il prévoit de  renforcer ses ventes.

Une politique de double standard d’autant plus choquante qu’il existe des produits de substitution sans amiante, à base notamment d’amidon de maïs.

Un stratagème juridique pour spolier les victimes

Pour tenter d’échapper aux 38 000 poursuites judiciaires engagées par des victimes de ce produit, J&J a réalisé une étonnante manoeuvre de mise en faillite, en utilisant une bizarrerie de la législation de l’état du Texas.

Voici comment il a procédé :

- Acte 1 : ll crèe une nouvelle société appelée LTL.

- Acte 2 : Il déverse toutes ses responsabilités liées à l’amiante - y compris les poursuites judiciaires -  dans la nouvelle société.

- Acte 3 : LTL dépose son bilan devant un tribunal fédéral de Caroline du Nord.

Par ce stratagème, J&J espère bloquer le versement des dommages et intérêts dus aux personnes qui ont porté plainte.
contre elle.

Ce tour de passe-passe est censé permettre au N°1 mondial des produits de santé de planifier une pseudo «  insolvabilité amiante ».

« Ils ont tout transféré dans l’entreprise qu’ils ont créée juste pour déposer le bilan », a déclaré Lindsey Simon, experte en faillite à la faculté de droit de l’Université de Géorgie.

 


Vague d’indignation suite aux révélations
sur une expérimentation humaine

Dans les années 60-70, J&J a payé Albert Kligman, un dermatologue, pour comparer les effets cutanés de sa poudre pour bébé à base de talc avec ceux de l’amiante.

Des détenus d’une prison de Pennsylvanie ont reçu des injections de talc et d’amiante (chrysotile et trémolite) dans le bas du dos. Chacun de ces cobayes, afro-américains pour la plupart, a reçu une somme de 10 dollars.

Cette expérimentation humaine, confirmée par des documents irréfutables retrouvés par des avocats américains, montre que J&J était consciente depuis des décennies des risques pour la santé de sa poudre pour bébé à base de talc.

« Nous regrettons profondément les conditions dans lesquelles ces études ont été menées, et elles ne reflètent en aucun cas les valeurs ou les pratiques que nous employons aujourd’hui», a déclaré Kim Montagnino, porte-parole de J&J, affirmant que la société a maintenant une « approche transparente et diligente de la bioéthique »

Johnson et Johnson a cependant pris soin d’indiquer que, selon elle, ces tests n’avaient pas violé les protocoles de recherches scientifiques qui étaient en vigueur à l’époque...

 


Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°68 (juin 2022)