Claude Guérin a succédé à Jacqueline Gervais à la présidence de l’association. Il explique dans cet article l’action pour la prévention menée en Charente.

 

Pourquoi le Cerader 16 intervient-il sur la prévention du risque amiante ?

Claude Guérin - Deux événements nous ont alertés :

- la catastrophe de Lubrizol à Rouen avec un incendie qui a fait exploser une toiture en amiante-ciment ;

- un violent orage en Charente avec des grélons énormes qui ont détruit des centaines de toitures.

Nous voulons  sensibiliser les décideurs et l’opinion publique, aider les entreprises et surtout les particuliers à se débarrasser des déchets amiantés. Pour rappel, l’amiante c’est 3000 morts par an en France.

Comment ces déchets sont-ils gérés ?

C.G. - Il y a quatre pôles d’accueil en Charente, mais ils sont excentrés par rapport à Angoulème qui est au centre du département. Des particuliers doivent faire 80 voire 100 kilomètres aller-retour pour se débarrasser de déchets amiantés.

On voit des décharges sauvages dans les bois et dans les champs avec des plaques de toiture ou des tuyaux en amiante-ciment. Les maires ne parviennent pas à en venir à bout.

Qu’a  fait le Cerader 16 ?

C.G. - L’association a écrit à la préfète, aux députés et sénateurs, au vice-président du Grand Angoulème en charge des déchets ainsi qu’à Christian Hutin, président du groupe d’études « amiante » de l’Assemblée nationale.

Que demandez-vous ?

C.G. - Au plan national, nous demandons aux députés et sénateurs de Charente d’intervenir auprès du gouvernement pour que les particuliers reçoivent une aide pour se débarrasser de l’amiante, comme l’aide pour l’isolation à un euro.

Au plan départemental, nous demandons la création d’une nouvelle déchetterie pour accueillir les déchets contenant de l’amiante.

Quels sont les premiers résultats ?

C.G. - J’ai reçu une réponse du sénateur Jean-François Bonneau qui a écrit au ministre de la transition écologique. Il nous verra quand il aura un retour.

J’ai été reçu par Jean-Michel Bolvin, de l’association des maires de France. Il m’a invité à participer à un débat lors du prochain CA de l’association charentaise des maires de France, le 12 mars.

Il doit faire remonter le problème au bureau national de l’Association des maires de France et envoyer un courrier à tous les maires de Charente.

J’ai reçu une réponse du vice-président du Grand Angoulème : une étude est en cours pour créér une nouvelle déchetterie  accueillant ces déchets amiante Elle serait opérationnelle en 2021.

Quel écho a eu votre action ?

C.G. - Le 9 février, j’ai envoyé un dossier complet à la presse (Sud-Ouest, La Charente libre), à Radio France et à une radio locale.

Nous frappons à toutes les portes pour nous faire entendre.

Quelles premières leçons tires-tu de cette action sur la prévention ?

C.G. - Le Cerader 16 aide les victimes à obtenir réparation de leurs préjudices, mais il agit aussi pour la prévention  afin d’éviter de nouvelles victimes.

Cela demande beaucoup de travail et du temps. Les premiers résultats sont encourageants. Il faut persévérer, être motivé et ne pas baisser les bras.

C’est une question de santé publique et une urgence sanitaire, environnementale et sociale. L’amiante a été interdit en 1997, mais il n’a pas disparu pour autant. Il faut aider les gens à s’en débarrasser.  

Nous espérons que cette initiative fera tâche d’huile sur d’autres départements.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°65 (avril 2021)